14 février 2019 – Audition au Sénat de Marie Rabatel et Muriel Salmona devant la délégation aux droits des femmes présidée par sa présidente Annick Billon
Compte-rendu
Mes chers collègues, nous poursuivons nos travaux sur les violences faites aux femmes en situation de handicap. Nous recevons aujourd’hui Marie Rabatel, présidente de l’Association francophone de femmes autistes (AFFA), que nous remercions très chaleureusement pour sa présence avec nous ce matin. Cette audition fait suite à la table ronde que nous avons organisée le 6 décembre dernier. Notre délégation a souhaité inscrire ces violences spécifiques à son programme de travail, considérant qu’il s’agit d’un « angle mort » de la lutte contre les violences faites aux femmes, pour reprendre le mot de notre collègue Laurence Rossignol.
Nous avons constitué, pour conduire cette réflexion, un groupe de travail associant diverses sensibilités politiques représentées par notre assemblée. Les co-rapporteurs sont donc (par ordre alphabétique) :
– Roland Courteau, pour le groupe Socialiste et républicain ;
– Chantal Deseyne, pour le groupe Les Républicains ;
– Françoise Laborde, pour le groupe du Rassemblement démocratique social et européen ;
– Dominique Vérien, pour le groupe Union centriste.
La table ronde du 6 décembre 2018 a conforté notre conviction que le regard de la société sur les femmes en situation de handicap doit changer, car elles sont doublement victimes d’une violence trop souvent méconnue et difficile à dénoncer, a fortiori quand elle implique l’entourage proche ou des professionnels des structures d’accueil.
J’en viens plus précisément à la situation des femmes autistes. À la fin de la table ronde du 6 décembre, un message de Marie Rabatel nous a été lu, attirant notre attention sur le fait que la proportion de victimes de violences sexuelles parmi les femmes autistes s’élèverait à 90 %. Il s’agit, je cite son propos, de « viols massifs » atteignant un « degré insupportable de violence ». Or ces violences spécifiques sont encore taboues dans notre pays. Il était donc important que nous intégrions à notre réflexion cette dimension spécifique des violences faites aux femmes en situation de handicap.
Pour nous éclairer, Marie Rabatel est accompagnée du Docteur Muriel Salmona, psychiatre, psycho-traumatologue, présidente de Mémoire traumatique et victimologie. Notre délégation a eu l’occasion de travailler avec le Docteur Salmona en 2016 dans le cadre d’un rapport d’information présentant le bilan de l’application des lois contre les violences au sein des couples. Docteur, nous apprécions de pouvoir bénéficier cette fois encore de votre expertise sur un sujet qui nous tient particulièrement à coeur.
Je tiens également à souhaiter la bienvenue à Antoine Rabatel, qui a accompagné sa mère jusqu’à nous, ce dont nous le remercions.
Mme Rabatel, je vous donne sans plus tarder la parole pour nous parler de la vulnérabilité particulière aux femmes autistes. Vous allez évoquer une étude conduite très récemment sur le sujet, mettant en évidence des statistiques accablantes sur la prévalence des violences dont sont victimes les femmes autistes. Nous vous écoutons.
Mise en page – Nathalie Saillard-Pichon – 29 mars 2019