Les femmes à l’honneur au salon international de l’autisme


Les 6 et 7 avril 2018 avait lieu la troisième édition du salon international de l’autisme, organisée par l’association RIAU.

L’objectif de ce salon est d’informer et de former les personnes sur la thématique de l’autisme pour contribuer à l’inclusion sociale des personnes autistes.

Le salon proposait trois lieux clés pour informer sur l’autisme : un village ressources avec des exposants professionnels ou personnes autistes, des salles avec des ateliers thématiques et des salles de conférence.

Le salon a mis les femmes à l’honneur cette année par la présence d’un stand de l’AFFA dans le village ressources, l’animation d’un atelier sur la prévention de la manipulation par des femmes de l’association, une conférence sur l’autisme au féminin le samedi en fin de matinée et une autre conférence sur les violences sexuelles le samedi après-midi.

Le premier ministre Edouard Philippe a visité du salon dès son ouverture. C’est Marie Rabatel, présidente de l’AFFA qui l’a accueilli sur le stand et a eu l’occasion d’échanger directement avec lui sur les actions de  l’AFFA, notamment :

  • la réalisation de l’outil de prévention et d’éducation sexuelle réalisé sous forme de pictogrammes  (en partenariat avec la confédération du planning familial) en faveur des personnes autistes les moins autonome ;
  • l’intégration de l’association à la Miprof pour ajouter des focus sur l’autisme au outils existants, la sensibilisation auprès des professionnels tant dans la spécificité de l’autisme au féminin que dans la prévention des violences sexuelles.
Elle a également répondu aux questions du 1er ministre en mentionnant :

  • les conséquences du sous-diagnostic chez la femme, entraînant un parcours médical destructeur pour les filles et les femmes autistes ; ajoutant que l’association a permis une libération de la parole concernant les violences que nombre de femmes autistes subissent ;
  • les violences sexuelles institutionnelles que peuvent subir les adolescentes et/ou femmes et leurs moyens de défense inexistants.

 

Elle lui a fait également remarquer que si la prise en compte de la vulnérabilité en tant que femme et en tant que personne autiste n’était pas prise en compte dans la stratégie autisme, l’inclusion serait un échec.

Elle lui a finalement demandé de rencontrer la secrétaire d’État des droits des femmes, Marlène Schiappa, car l’association, dépendant de son champ d’action, est composée de filles et de femmes avant-tout et celles-ci doivent avoir les mêmes droits que toute autre femme.

 

Conférence  « L’autisme au féminin », Marie -Josée Cordeau – 7 avril

La conférence assurée par Marie-Josée Cordeau a permis d’expliciter les caractéristiques féminines de l’autisme en balayant les différents éléments de la dyade autistique (difficultés de communication et des interactions sociales et intérêts spécifiques) au regard des spécificités féminines.

Elle a ainsi pu évoquer les capacités de camouflage de certaines femmes autistes qui leur permettent de faire illusion y compris lors de situations sociales comme des conversations entre collègues ou des rendez-vous en famille.

Mais le maintien de cette apparente facilité dans les relations a aussi un coût et elle a parlé de l’épuisement qui suit les interactions et des dépressions provoquées par des échecs successifs.

Marie Josée nous a aussi fait rire en racontant des gaffes sociales mémorables et la manière dont ses réflexions pouvaient être interprétées. 

Un autre point important qui a été traité lors de la conférence est celui des particularités sensorielles des femmes autistes et l’impact de la gestion de l’environnement sur les relations sociales, comme par exemple le fait de ne pas pouvoir tenir une conversation dans un lieu où il y a trop de bruit.

Le dernier sujet mis en avant par Marie Josée est l’importance du diagnostic et la difficulté que les femmes ont à l’obtenir car les caractéristiques féminines de l’autisme sont peu connues des professionnels.

Atelier de l’AFFA : « Comment se protéger de la manipulation en tant que femme autiste ? » – 7 avril

À la suite de la conférence s’est tenue l’atelier sur la manipulation, animé par Magali Vocat et Sophie Ledoux, deux femmes plusieurs fois victimes de manipulation de la part de leur entourage.

Magali Vocat a d’abord rappelé la définition de la manipulation et les différentes formes qu’elle pouvait prendre. Elle a expliqué le profil du manipulateur ainsi que ses objectifs et son mode d’interaction. Cette personne, qui est souvent un proche comme un conjoint ou un parent, va créer une emprise sur sa victime pour l’amener à modifier son équilibre psychique dans l’objectif de lui faire penser, ressentir, dire ou faire quelque chose, par un consentement faussé, sous influence.

Sophie Ledoux a poursuivi en décrivant le profil de la personne manipulée ; puis elle a détaillé en quoi les femmes autistes sont particulièrement vulnérables.  En effet, celles-ci sont plus naïves socialement que la plupart des femmes, et ont beaucoup de difficultés sur la notion de consentement.

De plus, elles ont du mal à interpréter la communication non-verbale et ont tendance à comprendre les discours au premier degré sans penser qu’il existe des intentions cachées. Leur parcours généralement chaotique (rejet, mise à l’écart) les conduit à un manque d’estime de soi, ce qui en fait des proies idéales. Conditionnées à être vues comme un fardeau pour la société, elles tendent naturellement à se considérer responsable dans les problèmes de relation et culpabilisent automatiquement. 

Elles ont repris en détaillant 10 signes pouvant alerter sur une relation toxique, en prenant des exemples personnels.

Pour finir, elles ont décrit des manières de se protéger et de s’en sortir. Magali Pignard a insisté sur l’importance pour ces femmes de prendre conscience de leurs qualités, talents, de les assumer, de les exploiter ; car une personne manipulatrice elle, les aura les aura bien repérées, et si elle constate qu’elles sont déniées, elle les utilisera pour elle-même.

Conférence « Violences sexuelles – Déni et conséquences », Marie Rabatel et Muriel Salmona – 7 avril 18

Cette conférence a été animée par Muriel Salmona (psychiatre spécialisée en psychotraumatologie) et Marie Rabatel  (présidente de l’AFFA et soutenue par Fondation des Femmes) aura été un bel exemple d’inclusion : ce n’était pas l’une après l’autre mais l’une avec l’autre que s’est déroulée cette intervention.
Le partage de leurs compétences mutuelles sur ce sujet difficile aura permis une prise de conscience concernant les violences sexuelles que peuvent subir les personnes vulnérables et particulièrement les filles et les femmes autistes. C’est donc une double peine pour les femmes autistes qui sont très souvent abandonnées, sans prise en charge psychotraumatologique.
S’ajoute à ceci, toute la dimension liée à la Justice où rien n’est mis en place pour recueillir la parole de la victime autiste.
Marie Rabatel et Muriel Salmona ont pu également faire prendre conscience de toute la dimension du déni et du mécanisme de la mémoire traumatique.
Les violences, qu’elles soient psychologiques, conjugales, physiques ou sexuelles, positionnent la victime en objet de soumission, et celle-ci va alors mettre en place une stratégie pour survivre.
Les spécificités de l’autisme accentuent considérablement les conséquences psychotraumatiques et notamment au niveau sensoriel et augmentent d’autant plus la vulnérabilité.
La sensibilisation est d’une grande importance car les conséquences multiples : d’une part, cela engendre une paralysie des apprentissages cognitifs du quotidien, et d’autre part la personne peut développer des troubles co-morbidités (troubles associés) pouvant mener au suicide. Si la personne a peu de moyens d’expression, il y a une grande probabilité qu’elle développe des troubles du comportement, qui seront mal interprétés et gérés par une augmentation de psychotropes, notamment neuroleptiques, sans même que les professionnels puissent se douter que cette personne a été victime d’agression sexuelle.
Elles ont également insisté sur l’importance d’être attentif à la communication non verbale : les changements soudains de comportements doivent nous mettre en alerte….
Elles ont également rajouté que le silence protège l’agresseur et non la victime, permettant  à l’agresseur de recommencer en toute impunité.
Ce sujet encore tabou ne doit plus l’être car c’est le rôle de tout à chacun de protéger les plus vulnérables notamment ceux dont la parole est silencieuse tant dans la prévention que dans les lois.

Stand de l’AFFA

Un stand a été tenu par les membres de l’AFFA à tour de rôle durant les deux jours du salon.

L’objectif était de présenter l’association, les actions mise en place par celle-ci et de sensibiliser les personnes aux problématiques de l’autisme au féminin. Les bénévoles du stand ont échangé avec des personnes diverses : des femmes autistes en recherche de soutien, des mamans non autistes qui avaient des questions concernant leur fille/adolescente autiste, des professionnel(les) du secteur médico-social (psychologue, éducateur spécialisé,…) qui accompagnent des femmes autistes.

Des contacts ont été échangés, l’adresse mail de l’association donné de nombreuses fois et cela nous permettra sans doute d’ici quelque temps d’accueillir de nouvelles membres au sein de l’AFFA.

La tenue du stand s’est déroulée dans la convivialité, la bonne humeur et en bonne entente avec nos voisins de PAARI et Ado’tiste.

Si la thématique de l’autisme au féminin a du mal à être visible au niveau politique, médiatique et auprès des professionnels, elle a été très bien représentée au salon international de l’autisme.

Photos du salon

Diverses personnes autistes impliquées dans la cause et représentant les associations AFFA, PAARI, Ado’tiste

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