Ce 3 octobre 2017, Mme Marie Rabatel, présidente de l’Association Francophone de Femmes Autistes, a été invitée par Mme Catalina Devandas Aguilar, rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droits des personnes handicapées, à participer en tant que personne autiste à une réunion au sujet de l’autisme dans les locaux de l’Association des Paralysés de France à Paris (à l’occasion de la visite officielle en France de l’experte).
Mme Rabatel a fait part du problème du sous-diagnostic que rencontrent les filles, adolescentes et femmes autistes en France malgré les études et recherches scientifiques effectuées sur le sujet dans le monde entier.
Du fait de ce sous-diagnostic, de nombreuses femmes ne bénéficient pas d’un accompagnement adapté à leur spécificité, ce qui engendre une autre problématique : la vulnérabilité de ces personnes aux différentes violences pour lesquelles elles ne peuvent donc bénéficier d’aucun accompagnement adapté.
À ce sujet, Marie Rabatel a particulièrement insisté sur les violences sexuelles dont les femmes autistes sont très souvent victimes :
Nombre d’entre nous sont victimes d’agresseurs, nombre d’entre nous ne peuvent porter plainte en justice du fait du délai de prescription (nos difficultés de communication sociale sont la cause, en ceci, d’une double peine), nombre d’entre nous ne sont pas entendues par les professionnels de la justice du fait de la méconnaissance de l’autisme, nombre d’entre nous n’ont aucun lieu de soin qui prenne en compte l’autisme et l’état de stress post-traumatique chez les femmes autistes, nombre d’entre nous devront survivre avec leur(s) trauma(s) toute leur existence, ce qui engendrera des comorbidités ralentissant encore davantage leur intégration au sein de la société.
Marie Rabatel a également évoqué la lenteur du traitement des dossiers en cours d’instruction concernant les violences institutionnelles. Sophie Janois, avocate spécialisé en droit du handicap, a fait remonter à ce sujet que, malheureusement, la parole des enfants autistes verbaux comme non verbaux n’est pas entendue non plus du fait de la méconnaissance de l’autisme par les personnes chargées des enquêtes.
En dernier point, Marie Rabatel a également évoqué le cas des lanceurs d’alerte jugés en France pour dénonciations de maltraitances sur des enfants en institution ou autre.
Mme Catalina Devandas Aguilar a précisé qu’un pré-rapport serait écrit dès la fin de sa mission en France, en attendant la présentation des résultats de la visite et de ses recommandations dans un rapport officiel au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.