Autisme et violences sexuelles – L’arbre qui cache la forêt


Témoignage de R. Teeblara, femme autiste

 Ce témoignage d’une femme autiste victime de violences sexuelles mettant en avant les difficultés liées à l’incompréhension des enjeux sociaux. (NDLR : mise à jour le 13 juin 2020, le terme « abus » dans le titre de la vidéo ci-dessous n’est plus utilisé par les associations qui luttent contre les violences aujourd’hui, y compris l’AFFA. Il est remplacé par « violence », qui est bien plus approprié et spécifique, juridiquement juste et non connoté de l’idée d’un comportement toléré en société dont on « abuse » à un moment donné, comme la consommation d’alcool par exemple. Il n’y a aucune tolérance minimale à agir contre la volonté d’une personne, c’est une violence).

L’association francophone de femmes autistes œuvre pour la prévention des violences sexuelles, notamment des femmes ayant un Trouble du Spectre de l’Autisme.

Données sur les violences sexuelles

Dans notre société, les violences sexuelles touchent plus particulièrement la femme et 97 % des agresseurs sont des hommes. En ce qui nous concerne, des études canadiennes montrent que 70 % à 90 % des femmes autistes sont victimes de violences, allant de l’agression sexuelle au crime sexuel. De nombreux facteurs rendent davantage vulnérables les personnes autistes. Qu’elles soient de haut niveau de fonctionnement ou pas, le risque d’en être victime est important.

Il est temps d’arrêter ce silence dont les conséquences sont dramatiques tant dans la construction de l’enfant autiste que la vie de femme devenue adulte.

Conséquences

Les conséquences pour une personne autiste sont similaires aux victimes non autistes (dégoût de soi, dépression, autodestruction, problème gynécologique, troubles alimentaires, conduite à risque, sentiment de culpabilité, suicide, etc.).

Néanmoins, celles-ci sont amplifiées par les spécificités lié à la sensorialité. Aussi, le fait de percevoir les détails sans en comprendre la globalité met la personne autiste à ressentir son viol de manière multipliée, ce qui accentue les séquelles et le travail possible de résilience.

L’importance de l’éducation sexuelle

Dans ce témoignage, nous pouvons nous apercevoir que l’éducation sexuelle ainsi que la notion du choix et du « non »  ont toute leur importance pour réagir de manière adaptée à ce type de situation. Apprendre que le non n’est pas interdit, mais autorise le oui pour soi, nous précise R. Teeblara. L’apprentissage du non favorise l’estime de soi et augmente l’affirmation de soi.

Les personnes autistes ont un faible théorie de l’esprit, ce qui favorise les malentendus et les difficultés de décodage des intentions chez l’autre.

De plus, le rejet sociétal, la difficulté de compréhension des enjeux sociaux, le fait de ne pas comprendre d’où vient le mal-être perçu dans son corps, ajouté à cette difficulté de le communiquer (que l’on soit verbal ou non), augmentent la probabilité que la personne autiste se fasse manipuler par son entourage.

« Et non, tous les adultes ne sont pas QUE des gentils »… « Un mot est un mot » (R. Teeblara)
C’est en partageant cet article que vous participez à la protection des victimes potentielles.

 Que dit la loi pour la victime ?

La loi  (Article 222-23 à 222-26 et Article 222-27 à 222-30 du Code pénal) impose un délai de prescription de 20 ans pour une victime mineur de moins de 15 ans ayant subi un crime sexuel (viol) ou une agression sexuelle. Elle peut porter plainte jusqu’à ses 38 ans et passé ce délai, les faits sont prescrits.
L’association Francophone de Femmes Autistes soutient le Ruban Vert Pomme. Ce mouvement sensibilise à la révision de ce délai de prescription.
Article rédigé pour l’AFFA par Marie Rabatel – Juin 2017
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