Hannah Furfaro pour Spectrum News, 12 mai 2018 – Traduction : Phan Tom pour l’AFFA
Article original : Young girls with autism have more psychiatric problems than boys
Une plus grande proportion de filles que de garçons autistes âgés de 3 ans ont des troubles psychiatriques comme l’anxiété ou l’irritabilité. Ces petites filles ont aussi tendance à avoir de moins bonnes capacités dans les actes de vie quotidienne et facultés d’adaptation. Les chercheurs ont présenté des résultats encore non publiés hier (11 mai 2018) lors de la rencontre annuelle de 2018 de la International Society for Autism Research (Société Internationale de Recherche sur l’Autisme) à Rotterdam en Hollande.
Les résultats préliminaires soulignent qu’une plus large amygdale, un centre des émotions dans le cerveau, sous-tend quelques problèmes chez les filles.
Cette étude est une des premières à examiner les caractéristiques psychiatriques des enfants aussi jeunes que 3 ans. Beaucoup de ces caractéristiques accompagnent aussi le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et le trouble oppositionnel, parmi d’autres conditions.
Les résultats posent les bases pour prédire de futures difficultés émotionnelles chez les enfants autistes à un jeune âge. Ils suggèrent aussi que les cliniciens et les parents devraient être à l’affût des signes d’instabilité émotionnelle chez les petites filles.
« Il y a des traitements (nota bene : ici le terme traitement concerne aussi bien les traitements médicamenteux que les interventions éducatives qui peuvent être mises en place) pour l’anxiété et les problèmes affectifs » avance Christine Wu Nordahl qui présente ce travail. Et d’ajouter, « si nous sommes juste plus conscients que les filles sont plus susceptibles d’avoir ces problèmes, alors nous pouvons développer des interventions et informer les parents, ils pourront rechercher différents traitements pour leurs filles ». Madame Nordahl est professeur associé de psychiatrie et de sciences comportementales à l’université de Californie au Davis MIND institute.
Une balance déséquilibrée
Certaines recherches suggèrent que les adolescentes autistes sont plus susceptibles que les garçons d’être en dépression ou anxieuses, donc les chercheurs voulaient voir si cette différence de sexe se retrouvait plus jeune.
Le professeur Nordahl et ses collègues ont examiné les données comportementales et d’autres données de 73 filles et 200 garçons autistes, tous âgés environ de 3 ans. Les garçons et les filles ont des scores similaires à l’ADOS (Echelle d’observation pour le diagnostic de l’autisme), un outil standard de diagnostic de l’autisme. Ils ont aussi des scores similaires de quotient intellectuel.
Leurs parents ont évalué leurs comportements et leurs difficultés émotionnelles en utilisant le Child Behavior Checklist . Les difficultés incluent la nervosité, le fait d’être têtu et colérique et les difficultés de concentration. Ils ont aussi évalué la communication des enfants et les capacités dans les actes de vie quotidienne (parmi d’autres traits) en utilisant les Echelles de Vineland.
Les chercheurs ont trouvé que les enfants ont un des trois profils suivants :
- ceux qui sont dans le groupe des « fortes psychopathologies » ont plusieurs caractéristiques psychiatriques et des troubles modérés dans les facultés d’adaptation ;
- ceux qui sont dans le groupe des « faibles facultés d’adaptation » ont peu de difficultés psychiatriques mais des problèmes importants dans les facultés d’adaptation ;
- les enfants avec peu de difficultés psychiatriques et de fortes capacités dans les facultés d’adaptation sont dans la catégorie « meilleures facultés d’adaptation ».
La moitié des enfants est dans ce dernier groupe, la plupart sont des garçons. Au total, 56 % des garçons, contre seulement 29 % de filles, montrent peu de troubles.
Parmi les filles, 36 % sont classées dans la catégorie « fortes psychopathologies » et 36 % dans la catégorie « faible facultés d’adaptation ». Seulement 25 et 20 % des garçons sont classés respectivement dans ces groupes.
« C’est plutôt surprenant de voir que même à 3 ans, on observe des taux aussi hauts » constate le professeur Nordahl. « Nous pensions que la dépression et l’anxiété apparaissaient à l’adolescence ».
En moyenne, les garçons et les filles avec le plus de troubles psychiatriques ont le plus de troubles du sommeil et de troubles sensoriels. Ils ont aussi des comportements répétitifs plus sévères que les enfants des deux autres groupes.
Les chercheurs ont fait un scanner des cerveaux de 59 des filles et 148 des garçons. Ils ont trouvé que chez les filles mais pas chez les garçons, avoir une amygdale droite plus large est associée aux troubles du comportement. Chez les garçons, un cortex cingulaire antérieur rostral droit de petite taille, qui est aussi impliqué dans le processus émotionnel, est associé avec ces troubles. La recherche implique les deux régions dans l’autisme.
« Les mêmes symptômes comportementaux peuvent avoir différentes causes neurobiologiques sous-jacentes chez les garçons et les filles », conclut le professeur Nordahl.
Plus d’informations sur le meeting annuel de la Société Internationale de Recherche sur l’Autisme ici.
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