Autisme et (trans)genre : dysphorie, ambivalence, et fluidité de genre dans les TSA


Par Maureen Bennie, directrice de l’Autism Awareness Center, 30 janvier 2017 - Traduction : Aurélia P.pour l'AFFA
Article original : Autism and (trans)gender: dysphoria, ambivalence, and gender fluidity in ASD

Parmi les personnes qui ressentent une anxiété significative du fait que leur identité de genre diffère de leur sexe de naissance, on trouve un pourcentage plus élevé d'autisme que le taux dans la population globale. Ce sujet est de plus en plus discuté et étudié à mesure que les personnes qui vivent la dysphorie de genre sont de mieux en mieux acceptées.

Qu'est-ce que la dysphorie de genre ?

La dysphorie de genre, connue également sous le terme de « trouble de l'identité de genre » est la condition de malaise (ou de dysphorie) que ressent une personne lorsqu'elle ne s'identifie pas avec le sexe assigné à la naissance. Un grand nombre de ces individus devient transgenres, certain-e-s adoptent le style vestimentaire et le style de vie du sexe opposé tout en gardant le genre qui leur a été attribué, et certain-e-s cherchent à tout prix à se conformer malgré leur souffrance.

L'effet de l'autisme de haut niveau de fonctionnement sur l'orientation de genre

Lors de la conférence  Autism Europe  à Edinburgh, certaines équipes de recherche ont présenté leurs travaux au sujet de la dysphorie de genre et ses rapports avec l'autisme de haut niveau. Le Dr. Mark Stokes, de l'université de La Trobe à Melbourne en Australie, a parlé de son étude récente sur la question. Cette étude internationale conclut qu'un pourcentage plus élevé de personnes TSA se sent dysphorique, ambivalent et/ou neutre.

« Comparées aux populations de contrôles, on trouve chez les personnes TSA une plus grande diversité sexuelle ; elles ont exprimé des identités de genre non-conformes à leur sexe biologique et on trouve aussi une symptomatologie dysphorique plus importante.

Chez le groupe TSA (Troubles du Spectre de l’Autisme), on reporte des taux supérieurs d'asexualité ; moins d'attraction et de contacts hétérosexuels ; plus d'attraction homosexuelle ; chez les femmes TSA on reporte plus de contacts homosexuels ; un intérêt moindre  pour le genre de leur partenaire romantique. Les personnes TSA qui étaient non-conformes du point de vue du genre ont montré de meilleures relations avec leurs pairs du sexe opposé pendant leur scolarité que ne l'ont montré leurs pairs non dysphoriques. On reporte une santé mentale moins bonne au sein du groupe de personnes TSA que dans le groupe de contrôle. Appartenir à un groupe minoritaire en termes de sexualité ou de genre aggrave encore cette situation.

Conclusion : le fait que chez les personnes TSA on trouve une non-hétérosexualité supérieure à la moyenne pourrait être particulièrement congruent avec les prédictions de la théorie de la forme extrême du cerveau masculin. Se considérer comme androgyne, se sentir entre les genres, et être insatisfait à l'égard des rôles de genre dictés culturellement : ce sont les thèmes majeurs qui ont émergé, et qui ensemble peuvent permettre des identités sexuelles plus fluides.

Qu'est-ce que la théorie de la forme extrême du cerveau masculin ?

La théorie de la forme extrême du cerveau masculin est une théorie contestée mise au point par Simon Baron-Cohen, un célèbre chercheur sur l'autisme à l'université de Cambridge. Le Dr. Baron-Cohen a proposé cette théorie pour comprendre l'autisme afin d'expliquer les étonnantes similarités entre des traits généralement attribués à la « masculinité » humaine et des traits du spectre de l'autisme. La liste de ces traits comprend la prédominance des compétences en maths et en raisonnement spatial, et un profil cognitif orienté vers les détails. La théorie met également en lumière le manque de compétences dans ce qui est traditionnellement considéré comme « féminin », à savoir l'empathie et la communication. L'une des raisons pour lesquelles cette théorie est critiquée vient également du fait qu'elle se réfère ainsi très fortement à l'idée que les TSA toucheraient de façon prédominante les hommes, une idée qui a été très fréquemment analysée et questionnée au cours des dernières années.

Vivre dans l'espace entre les sexes

Le rapport entre les TSA et la dysmorphie de genre est passé jusqu'à présent relativement inaperçu. Un très bon article de SpectrumNews qui parle de l'expérience de la dysphorie de genre rappelle que :

« Entre 8 et 10 % des enfants et des adolescents qui se rendent dans des cliniques spécialisées dans l'identité de genre dans le monde, remplissent les critères de diagnostic de l'autisme, selon une étude menée au cours des cinq dernières années, tandis qu'environ 20 % ont des traits autistiques comme par exemple des capacités sociales et de communication limitées. Certains cherchent un traitement pour leur dysphorie de genre en sachant déjà qu'ils sont autistes, mais la majorité des personnes n'a jamais recherché ni reçu un diagnostic d'autisme. »

Plus tôt ces problématiques seront mises en lumière, plus tôt on pourra mettre à disposition des tests et un soutien psychologique approprié pour les personnes TSA et pour les personnes qui ne s'identifient pas avec le corps dans lequel elles sont nées.

Bibliographie (ces deux livres peuvent être spécialement commandés via le site de Autism Awareness Center)

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4 commentaires sur “Autisme et (trans)genre : dysphorie, ambivalence, et fluidité de genre dans les TSA

  • Elie

    Ce sujet est important. Mais le lexique employé ici n’esh pas approprié. Les mots sont importants ! Les personnes trans ne sont pas du genre assigné. Elles n’ont pas forcément un problème avec leur « mauvais » corps.

  • jjean

    Autiste de haut niveau transgenre mtf très concerné. Je ne comprends pas les stéréotypes de genre, je suis bien davantage féminin que masculin, orienté uniquement par mes goûts indépendamment des codes sociaux incompréhensibles. Même mon corps a des formes entre les deux sexes, je souhaite surtout comme transition en finir avec la sur-pilosité, avec au moins une épilation définitive du visage.

  • Sylviane Le Craz

    Le taux élevée de dysphorie du genre chez les personnes autistes pourrait s’expliquer par une méconnaissance de la représentation du genre chez les personnes autistes qui pour certaines subissent des transformations sans effets bénéfiques au final.
    Et qui peut réellement dire qu’il y a plus d’hommes autistes que de femmes autistes, sachant il existe un sous-diagnostic chez les femmes.