Lettre de Rachel, autiste, assistant avec impuissance à la perte de sa famille


Les 3 enfants de Rachel sont placés à l’Aide Sociale à l’Enfance depuis 2 ans et demi car selon le juge, elle est responsable de leurs troubles autistiques

Présentation par Aurore Gilant, secrétaire de l’AFFA

Rachel, mon amie

Rachel est une femme que je connais maintenant depuis 4 ans , je l’ai accompagnée dans tout son parcours.

J’ai vécu avec elle des moments forts , positifs mais aussi tristes, très tristes, douloureux.

Rachel est bien plus forte que l’on peut le croire…« Le roseau plie mais ne rompt pas »,  phrase qui lui convient très bien.

Rachel est une mère admirable, toujours pleine de douceur, de patience, très ajustée, toujours un mot pour savoir comment vont les autres alors qu’elle ne va pas forcement bien.

Elle fait preuve d’un courage énorme, je ne pourrais personnellement pas survivre à ce qu’elle a vécu et ce qu’elle vit au quotidien.

Lorsque le placement a eu lieu, j’ai eu, quelques jours plus tard, Rachel au téléphone. Je me rappelle que je ne savais pas comment j’allais appréhender cela, avec mes enfants à coté de moi, j’ai culpabilisé d’avoir mes enfants avec moi et j’ai eu peur de sa réaction. Et bien, elle était heureuse d’entendre mes enfants, elle leur a même parlé, et m’a avoué que cela lui faisait du bien d’entendre la vie de tous les jours chez les autres. Je ne suis pas sure que j’aurais eu cette merveilleuse réaction si cela avait été moi.

Et pendant 2 ans et demi, elle a toujours eu cette réaction, plus ou moins présente en raison de moments de solitude, de mutisme que je comprend tout à fait, des hauts et des bas…Mais j’ai toujours vu ses bas pour ce qu’ils étaient : la fatigue et aussi le silence autour d’elle, aucun contrôle sur la situation. Aucune information, juste le silence absolu.

Mais jamais elle n’a perdu véritablement espoir et jamais elle ne lâchera, j’en suis persuadée.

« Petit point sur la situation..

Petits appels à l’école et au collège, sans réponse à mes questions, je ne saurais vous dire ce qu’il en est.

Petit rdv Aide Sociale à l’Enfance…. Ah non, excusez moi, il n’y en a pas eu encore, depuis juillet..(un rdv tous les six mois, surtout juste avant une audience).

Une a deux personnes au téléphone ; ouf ma ligne fonctionne encore !

Autour de moi le silence, le téléphone se fait désespérément silencieux et je tente d’encaisser toutes ces promesses non tenues.

Autisme rime avec trouble de la communication et des interactions sociales : alors beaucoup de personnes non autistes n’ont pas eu leur diagnostic.

Je veux que cela évolue, je veux du mouvement. Je veux mes enfants avec moi pour les weekends au minimun. Je veux de la considération en tant que maman, en tant que personne.
Avant d’être des enfants atteints de troubles divers et variés, ce sont des enfants. Avec leur personnalité, leur sensibilité et caractère propre à eux.
Je n’ai plus aucun libre arbitre. Envolée la liberté, je veux la récupérer. La seule chose que je contrôle c’est mon alimentation.

Petite fille souriante, gentille, si proche de moi, pleine de joie de vivre. Aujourd’hui distante, fermée, loin de moi. Nos parties de Triomino avec tisane me manquent À la dernière audience, la situation lui convenait et elle n’a pas demandé de retourner a la maison. Je dois vivre avec cela depuis 5 mois….J’ai perdu ma fille, un fossé s’est creusé.

Petit chat aux yeux pétillants, remplis de joie de vivre… Nos petits rituels du soir, terminés. Les petits massages se sont envolés. Je ne vois plus mon fils passer discrètement dans le salon voler des bonbons pour manger dans son lit. Aujourd’hui, je guette le moindre petit geste a espérer, un câlin une fois tous les 15 jours…..

Petite crevette d’amour qui rigolait aux éclats dans la maison, qui me volait des bisous à volonté. Aujourd’hui je te vois en colère et triste. Je suis si démunie face a ta souffrance. Plus aucune complicité , envolée…

Le lien est brisé, perdu par trois années de combat. Je lance cette bouteille à la mer, un appel, un SOS, un morceau de vie brisée, prenez le comme vous voulez …
Ma confiance n’est plus de ce monde, dans les larmes je me noie à vous écrire ces quelques mots.
Comment surmonter l’insurmontable ?
Comment continuer le combat d’une vie fatiguée ?
Trop d’années ont passé loin de mes trois papillons.
Les visites sont devenu un enfer. J’assiste impuissante à la perte de ma famille.
Mon corps ne suit plus, ma vie ne suit plus..Je demande juste un petit espoir auquel me raccrocher, mais qui ne vient pas .
Détruite je suis, détruits sont mes enfants.

Rachel »

 

En savoir plus 

Cette affaire a commencé par le lancement d’une information préoccupante par l’hôpital psychiatrique de jour et le CMP où était suivi un des enfants. Elle a été lancée car Rachel leur avait dit avoir pris rendez-vous avec une psychologue spécialisée et pratiquant des interventions conformes aux recommandations de la Haute Autorité de Santé. Lors de l’évaluation diagnostique de cet enfant, la psychologue de l’hôpital de jour a utilisé un crocodile en peluche afin d’évaluer le niveau de défenses de l’enfant face à sa mère.

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8 commentaires sur “Lettre de Rachel, autiste, assistant avec impuissance à la perte de sa famille

  • Kamil Fuchs

    C’est pour moi très difficile à lire, tellement cela me semble proche et terriblement injuste. J’ai hélas assez souvent entendu des histoires de signalement abusif et donc aussi, de situations similaires. Les (pédo)psykk délirent mais sont écoutés par les juges comme s’ils étaient des experts. Je sais que le mal est déjà fait mais qui sait, peut-être que ça peut aider: http://www.egalited.org/juridique.html et aussi http://www.egalited.org/Signalement.html

  • Fred Glory

    Tenir bon…. mais comment au regard de cette lettre, au-delà de cet effroyable constat ? Jamais je n’aurais imaginer autant de cruauté. Les monstres gagneraient ? Ce n’est pas possible. Rachel, ta force, ton amour et ta sincérité sont un exemple absolu et tu gardes ma totale admiration et amitié.

  • Jean-Luc Coulon

    On a autrefois condamné l’eugénisme de certains pays.
    En fait, notre société bien-pensante agit de même. On préfère avoir des coupables que des malades.
    La culpabilité, c’est facile : on a un responsable et on le punit.
    La maladie, c’est plus difficile, on la cache, on la rejette, on la dénie. Surtout quand elle affecte l’esprit.
    Triste.

    Comment un pays démocratique donne-t-il aux juges le pouvoir de décider de ce qu’est l’esprit humain ? Qu’ont-ils de plus pour *savoir* ? De quoi ont-ils peur ? De quoi se protègent-ils eux-mêmes ?

    Remarque : c’est exactement la même chose lorsqu’une personne commet des choses abominable, tout le monde s’acharne à ce qu’elle soit « responsable » et ne puisse « échapper à ses responsabilité ». Mais commettre des choses abominables, forcément, relève d’un trouble (maladie ?) de l’esprit. Mais on préfère enfermer plutôt que de soigner. Et quelques années plus tard, le trouble n’a fait qu’empirer… et la personne a « purgé sa peine », sa « dette envers la société ».

  • Dieu

    Rachel,
    Je n’ai plus reçu mon fils depuis plus de cinq années maintenant. Des procédures à répétition faites par son père, un harcèlement et dénigrement de plusieurs années, l’incompétence, le jenfoutisme d’avocats, d’éducateurs, de juges et le gros mot à mon sujet l' »aliénation parentale ». Avec lui et mon côté rebelle et indépendant, les dés ont été jetés dans le béton.
    J’apprends régulièrement des bribes d’information à son sujet, plus désesperantes à chaque fois.
    À chaque fois je ressens un vide, une glaciation absolue dans mon corps. C’est arrivé il y a quelques jours. Et puis comme hier, une colère incommensurable (j’avais l’impression de me transformer en tunnelier, d’être capable de retourner un parking entier). Et puis la vie, la confiance de mes proches, leurs mots, présence et amour. Et alors une toute petite flamme d’espoir, ma volonté qu’elle ne s’éteigne pas,la nécessité de la protéger.
    Rachel, j’ai lu votre histoire et elle m’a aidée pour la flamme. Je vous admire.

  • Amanda

    Bonjour,

    Excusez-moi l’expression mais les psychologues et psychiatres sont de sales hypocrites ignares qui devraient arrêter ces professions qui n’en sont pas à mes yeux. Je comprends encore mieux cela en.lisant cette histoire. . C’est ce qui a failli arriver à ma famille mes enfants. Heureusement que le papa, non autiste, est venu à la rescousse nous faire partir loin de ces robots sans cœur.