Quatre façons d’aider les filles autistes


Gemma Corby pour Tes, 27 mars 2018

Traduction : Elodie Fleurot pour l’AFFA

Article original : Four ways to support girls with autism

Si les filles autistes peuvent copier de façon satisfaisante le comportement d’une personne non autiste, cela ne signifie pas qu’elles n’ont plus besoin de soutien, déclare Gemma Corby, coordinatrice chargée des besoins éducatifs spéciaux et des handicaps (Sendco : Special Educational Needs and Disabilities Co-ordinator).

J’ai assisté récemment à une manifestation organisée par Autism Anglia, proposant notamment quelques séminaires relatifs à l’autisme au féminin. C’est un sujet qui m’intéresse depuis plusieurs années, mais qui reste malheureusement entouré de mystère.

Lorsqu’on a commencé à diagnostiquer l’autisme, on a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une condition presque exclusivement masculine. De ce fait, la plupart des outils diagnostiques sont biaisés, car ils visent à diagnostiquer l’autisme chez des garçons. Un grand nombre de filles n’a donc pas été diagnostiqué, et par conséquent n’a pas pu bénéficier d’un suivi. Certaines femmes autistes ont connu des problèmes de santé mentale, résultant autant d’un manque de reconnaissance de leur condition que d’un manque d’accès à un suivi adapté.

Encore aujourd’hui, certains mythes restent prégnants à propos de l’autisme chez les femmes. Les influences sociales et culturelles entraînent des manifestations de l’autisme souvent différentes chez les hommes et les femmes.

Par exemple, du fait qu’elles sont biologiquement prédisposées à la communication non-verbale, les femmes autistes peuvent être plus à l’aise pour établir un contact visuel, ou réussir plus facilement à utiliser le langage pour entrer en relation avec autrui, si on les compare à des hommes autistes. Cela signifie qu’elles auraient au départ un « avantage », qui leur permettrait de masquer leurs différences à leur insu. Les filles présentent aussi moins de comportements répétitifs, et ont des intérêts particuliers qui semblent plus « normaux » – les chevaux, les poupées ou les stars de la chanson, par exemple.

À quelles difficultés les filles autistes sont-elles confrontées ?

Il est essentiel de comprendre que les filles autistes qui excellent dans l’art d’imiter le comportement attentu sont extrêmement vulnérables, à divers égards. Il est facile pour ces jeunes femmes de passer entre les mailles du filet et de ne jamais avoir accès au suivi dont elles ont besoin.

En conséquence, l’école se révélera souvent être un environnement stressant et déroutant, ce qui affectera leurs résultats scolaires. Des niveaux de stress élevés peuvent conduire à des comportements d’automutilation, comme se gratter ou s’arracher la peau, s’arracher les cheveux ou les cils (trichotillomanie), ou des troubles alimentaires.

Cependant, on peut venir en aide aux filles autistes de bien des manières. Voici quelques conseils :

Les aider à gérer leurs émotions

 On pense à tort que les autistes manquent d’empathie. En réalité, dans bien des cas, les personnes autistes peuvent se trouver submergées par le flot d’émotions qu’elles ressentent et ne pas savoir comment les traiter. Avoir accès à une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut permettre à ces jeunes filles de maîtriser leurs émotions. Des jouets sensoriels et anti-stress (fidgets, tangle toys, balles anti-stress) peuvent aussi les aider à faire face aux émotions envahissantes.

 

Les encourager

Renforcer l’estime de soi au travers de réactions positives est un moyen de soutenir ces filles qui doivent dépenser une énergie incroyable pour simplement assurer un fonctionnement minimum correct, jour après jour, et parvenir à ne pas se faire remarquer. Cependant, il est essentiel que chacun de vos compliments soit explicite, car il pourrait être difficile pour ces jeunes filles de bien saisir la raison de ces compliments.

Leur enseigner comment communiquer

Les mécanismes de communication et d’interaction devront être enseignés de façon explicite, et ce même avec les filles qui semblent capables de communiquer correctement. Dans l’idéal, cet apprentissage se fera au sein d’un petit groupe, même s’il est de la responsabilité de chacun de relever avec bienveillance ce qui est ou pas socialement acceptable. L’utilisation d’histoires sociales (petites histoires présentant des situations sociales issues du quotidien et permettant de repérer les comportement sociaux attendus et adaptés, NdT) peut être un moyen efficace d’aborder quelques unes des difficultés les plus complexes rencontrées par les jeunes filles autistes, comme la question du consentement sexuel ou des règles.

 

Leur dédier une personne référente

Les jeunes autistes devraient pouvoir s’adresser à une personne-ressource, à qui elles pourraient parler et qui pourrait les défendre au besoin. Dans le cadre très animé d’une école, on a vite fait de supposer que tout se passe bien pour les jeunes filles autistes, car elles peuvent sembler faire face, voire répondre que tout va bien si vous leur posez la question, que ce soit vrai ou non. Cependant, il est capital qu’une bonne relation soit établie entre les élèves autistes et une personne référente qui sera disponible pour discuter de leurs préoccupations. Il est par ailleurs essentiel de ne pas sous-estimer ou nier les soucis de ces jeunes filles, mêmes s’ils semblent anodins.

L’ensemble du personnel de l’école, et non seulement les enseignants, doit être mieux informé de la façon dont l’autisme se manifeste chez les filles. Une sensibilisation et une compréhension accrues peuvent éviter à des centaines de jeunes femmes de souffrir durant leur scolarité, et de les empêcher de réaliser tout leur potentiel.

Gemma Corby est  coordinatrice chargée des besoins éducatifs spéciaux et des handicaps au collège Hobart, Norfolk.  Elle publie un article pour Tes un mardi sur deux.

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Commentaire sur “Quatre façons d’aider les filles autistes

  • Lauryan

    Quatre façons d’aider…

    A chacun façon, en voici une cinquième.
    La meilleure que je connaisse:

    Aimer les femmes autistes pour ce qu’elles sont et non pas pour ce qu’on voudrait qu’elles soient.

    Et vous savez pourquoi c’est certainement la meilleure façon ?

    Parce qu’en les aimant telles qu’elles sont on les aide à apprendre à savoir qui elles sont car souvent elles ne le savent pas car être caméléon çà n’aide pas à savoir qui l’on est.