« Les minorités sont comme les étoiles dans le ciel, elles font briller le noir », Babouillec, femme autiste non verbale.
Article rédigé par Marie Rabatel, présidente de l’association
Hélène Nicolas, alias « Babouillec », est une jeune femme autiste qui n’a pas accès à la verbalisation. Elle a été diagnostiquée « autiste très déficitaire ».
Dès son enfance, elle sera placée en institution. À l’âge de 14 ans, les médecins disent à sa mère qu’aucun progrès ne sera possible étant donné son autisme très lourd. Sa mère ne veut rien entendre et décide de retirer sa fille de l’IME.
Sommaire
De l’isolement total à la poésie
Hélène, jusqu’à alors très renfermée et repliée sur elle-même, sort petit à petit de son silence. Une stimulation par les arts va lui permettre de s’exprimer et de communiquer. Sa mère va se rendre compte que malgré le silence de ses mots sonores, sa fille, alors âgée de 15 ans, sait lire et écrire et pourtant ne sait pas tenir un stylo. Grâce à un outil qui n’est autre que des lettres cartonnées posées sur une feuille blanche, elle écrit des mots, puis des phrases.
Elle écrira des poèmes dont en 2015, le metteur en scène Pierre Meunier, adaptera au théâtre l’un d’eux, Algorithme éponyme, sous le nom de Forbidden di sporgers.
Documentaire « Dernières nouvelles du cosmos »
Un roman : « Rouge de soi »
Elle vient de terminer (mars 2018) son premier roman intitulé « Rouge de soi », imprégné d’humanité, d’humour et de clairvoyance sur son handicap mais également, sur la façon dont en 2018 les personnes différentes sont considérées dans la société.
Extrait : « Eloïse se souvient de son début de vie très chaotique, comme balancée par-dessus bord sans avoir pied et sans savoir nager. Une forme de cauchemar surréaliste. C’est certainement là que commence sa drôle d’histoire, cette naissance sans fond. Un corps qui ne sait pas nager dans une société raz-de-marée, aux vagues déferlantes qui lui tombent sur la gueule. »
Une communication altérée mais bien présente
L’autisme est un spectre dont la communication est altérée voir même silencieuse mais bien présente pour celui qui y sera attentif.
En effet, toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation.
Le contenu peut être de différents modes (la parole, le regard, la posture, la gestuelle, l’intonation des mots, l’inflexion de la voix, la respiration, le contact physique …). Il amène à une mise en place d’un processus social permanent qui s’autoalimente par l’interaction. Le langage non verbal et le langage paraverbal (intonation de la voix, silences, hésitations, distance entre les deux personnes, expressions du visage, mouvements du corps etc) ne vont pas toujours de pair avec le langage verbal.
Et pourtant la mise en lien avec l’autre existe belle et bien quel que soit le mode de communication utilisé.
La communication : un acte social
Issue de la relation sociale, la communication forme, maintien ou transforme une relation.
Tous les modes de communication ont quelque chose de social, comme la parole et la gestualité non verbale. Mais, il n’y a pas que cela : il y a aussi l’écriture, l’image, le son et toutes les combinaisons de ces matières que l’on retrouve dans les médias.
Le lien communication-relation concerne ce qui se passe au moment même de la communication, sans oublier de prendre en considération le contexte. Un acte de communication s’inscrit donc dans une interaction, qui elle-même, s’inscrit dans un système de rapport social.
À la découverte de l’autre
Ne partez pas toujours de votre manière de penser, de votre envie, de votre façon de communiquer et d’imposer votre propre vision de la relation….
Mais partez de l’autre, de cet autre qui fonctionne différemment et pour qui la relation implique une autre importance, telle que la relation découle d’une priorité différente mais communiquer reste essentiel.
Merci pour ce bel article. J’ai découvert Hélène à travers le film « Dernières nouvelles du Cosmos » après lequel j’avais rencontré Julie Bertucelli. Ce film est marquant, poignant. Le chemin d’Hélène est une véritable leçon pour tous ceux qui refusent de voir l’autisme avec lucidité et bienveillance. Je dois dire, que moi aussi, qui pourtant avais fait mon cheminement sur la voie de la compréhension de ce syndrome, j’ai été bouleversée par ce que j’ai découvert : le fait que les autistes non verbaux peuvent être supérieurement intelligents et du même coup dans une souffrance terrible. Je loue également la lucidité de la maman d’Hélène, une maman qui a permis, par son amour et son intelligence du coeur à sortir sa fille de sa bulle d’obscurité et de douleur pour l’élever au plus haut dans la lumière.
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Merci infiniment, çà nous donne des idées étant parents d’une fille autiste
Une stimulation par les arts VA lui permettre:
À corriger.
Cela ne diminue en rien cette révélation!
C’est modifié ! Merci