28 août 2018 – Eva*, maman de deux enfants dont un en cours de diagnostic d’autisme nous a contactées, très déstabilisée, pour nous parler de son expérience dans un CMP tout à fait ordinaire. Voici son témoignage (consultez aussi : Les aventures ordinaires d’une autre autiste ordinaire dans un CMP)
Mon fils est en cours de diagnostic d’autisme (syndrome d’Asperger) par une pédopsychiatre en libéral.
Celle-ci a longuement discuté avec moi et pense que je serais aussi Asperger.
J’ai voulu donc faire une démarche diagnostique, mais le Centre de Ressources Autisme de ma région annonce 2 ans d’attente.
J’ai pris alors rv avec une psychiatre dans un CMP, que j’avais déjà vue par le passé pour des crises d’angoisse : celle-ci elle m’avait prescrit du xanax et pensait que j’avais juste un problème de socialisation.
Cette fois, j’y suis allée avec mon conjoint car je me suis toujours sentie mal avec cette psychiatre. Je pensais qu’il pourrait m’aider à lui expliquer mon fonctionnement.
Je lui ai donc parlé de mes doutes à propos du syndrome d’Asperger, en précisant que c’est la psychiatre de mes enfants qui m’avait suggéré de la revoir.
La première chose qu’elle a dite est : « Mais pourquoi vous voulez être malade ? »
Je n’ai pas su quoi dire, j’étais paralysée.
Mon conjoint a répondu en disant que ce n’était pas une maladie et lui a donné quelques explications.
Elle l’a ignoré en argumentant :
« Mais vous avez des diplômes. »
« Vous avez eu 2 enfants. »
« Les gens malades ont des grossesses difficiles. » (elle m’a comparée à des schizophrènes pendant leur grossesse)
« Vous parlez très bien. »
« La maladie d’Asperger est diagnostiquée pendant l’enfance. »
« Vous êtes consciente de vos problèmes… Pas les autistes. »
« Vous avez beaucoup d’empathie… Eux non. »
Selon elle à cause de tout cela, je ne peux être diagnostiquée Asperger.
« Ça ne correspond pas à cette maladie. »
Maladie psychiatrique que l’on soigne selon elle.
Mon conjoint était choqué aussi. Il ne savait plus quoi dire. On a fini par dire ok à tout ce qu’elle disait et on a fui.
* Le prénom a été modifié afin de préserver l’anonymat
Obscurantisme dangereux qui mériterait d’être dénoncé à l’ordre des médecins. Je suggèrerais que cette personne écrive à l’hôpital dont dépend ce CMP (au Directeur des usagers) pour dénoncer un manque évident de connaissances sur le sujet de ce trouble neurodéveloppemental, en mettant en copie des associations (UNAFAM, qui est très souvent représenté à la commission des usagers des hôpitaux psychiatriques, Autisme France et bien sûr AFFA). En restant très factuel, sur ce que cette personne a dit (et c’est très positif que son mari ait pu entendre la même chose). Sans attendre qu’un diagnostic soit posé.
Maltraitance ordinaire inexcusable, même si trop fréquente.