Le Comité ONU Femmes France décline la campagne « Orange Day » , qui consiste en 16 jours d’action contre les violences faites aux femmes (du 25 novembre au 10 décembre 2017). Dans le cadre de cette campagne nous diffusons des témoignages de violences faites aux femmes autistes.
« J’avais 13-14 ans, je n’avais pas d’amis et à l’époque j’aurais tout fait pour ne plus être rejetée, moquée par les autres. J’avais l’habitude de suivre ma sœur de 2 ans mon aînée comme un petit chien, elle détestait cela, elle avait des amis. Je vivais dans un quartier avec beaucoup de précarité et de délinquance juvénile.
Un jour, j’ai décidé de suivre ma sœur qui voulait faire connaissance avec un groupe de jeunes personnes un peu plus âgées que nous. Principalement des garçons. Très vite, il s’est passé une chose incroyable : les garçons ne me rejetaient pas ! Mais en plus ils s’intéressaient à moi, ils me regardaient et se montraient gentils avec moi.
Un jour, nous étions dans un immeuble, occupés à boire de l’alcool et à fumer des cigarettes et de l’herbe. Deux des garçons me proposent d’aller dans les caves pour pouvoir continuer à boire. Essayant de boire aussi avec eux car cela me rendait beaucoup plus à l’aise socialement. Je les ai suivis dans ces caves sans méfiance. Je ne sais plus exactement comment les choses se sont enchaînées (mon cerveau a tendance à essayer d’effacer certains mauvais souvenirs). Je me souviens qu’ils se sont rapprochés de moi, commençant à essayer de m’embrasser, à me toucher. J’ai refusé oralement, j’ai dit « non » à plusieurs reprises mais sans doute pas assez fort. Je ne me suis pas assez débattue, je n’ai pas essayé de les frapper. Bref, je me suis pas défendue, je n’ai pas su me protéger, j’étais comme paralysée dans mon corps à attendre que ce mauvais moment passe. Ils m’ont pénétrée, joui chacun leur tour et puis ils sont partis me laissant là, comme si de rien n’était. Comme si c’était normal.
Suite à cet épisode, je suis restée des semaines enfermée chez moi. J’avais à présent la réputation de « salope » dans le quartier où je vivais et des garçons venaient parfois sonner chez moi en me demandant si je ne voulais pas venir avec eux.
À l’époque, je ne le savais pas encore, mais j’étais une jeune fille qui ne laissait pas indifférent les garçons et les hommes. J’étais aussi très naïve socialement. Je savais que ces choses-là existaient mais je n’avais pas fait le lien avec l’intérêt du sexe masculin pour moi. Durant mon adolescence, j’ai connu d’autres épisodes où j’ai eu des rapports sexuels sans la volonté d’en avoir.
J’avais 14, 15, 16 ans et parfois c’était avec des homme beaucoup plus âgés que moi. Dès qu’un homme s’intéressait à moi, je lui faisais entièrement confiance.
Je me sens sale de cette époque. »