L’Autisme chez les Femmes: Mon autisme a d’abord été diagnostiqué à tort comme de la dépression et de l’anxiété


Amandine a traduit pour l’AFFA l’article de Hannah Molesworth mis en ligne le 21 Mai 2019 par le magazine Women’sHealth.

 

Une femme partage son histoire

Chez les femmes, l’autisme semble avoir été une condition bien moins comprise qu’elle l’aurait dû.

Il était encore récemment pensé que le ratio homme/femme dans le spectre de l’autisme était de 3 pour 1. Cependant, il apparait que le nombre de femmes appartenant au spectre a été sous-estimé.

Pourquoi?

Eh bien car la plupart des études menées sur l’autisme ont recouru à des volontaires masculins, impliquant donc une meilleure compréhension de la manière dont celui-ci se manifeste chez les hommes. Il a également été avancé que les femmes socialisent en masquant les symptômes, échappant ainsi plus fréquemment au radar.

Hannah Molesworth, 26 ans, est opticienne, modèle et militante en faveur de la sensibilisation à l’autisme à Weymouth, dans le Dorset (UK). Hannah a tout d’abord reçu un diagnostic erroné d’anxiété et de dépression, avant d’apprendre qu’elle était en réalité autiste, à l’âge de 23 ans.

Voici son histoire.

«Vous n’avez pas l’air autiste – en êtes-vous certaine?»

Je ne suis pas sûre que qui que ce soit puisse dire à quoi « ressemble » une personne autiste. Mais cela n’a pas empêché les gens de me poser cette question. Il s’agit d’une des nombreuses incompréhensions qui concernent l’autisme.

L’autisme est souvent décrit comme étant le fait de se sentir « différent » par rapport aux autres. Mais quand il s’agit de votre propre expérience, il est difficile de savoir exactement ce que « différent » signifie.

Pour moi, dans l’enfance, cela s’est manifesté en des pleurs incessants, une incapacité à rester calme, et un attachement excessif envers mes parents. Vers l’adolescence, je me sentais anxieuse, malheureuse, et j’exprimais ces sentiments en me mutilant.

En demande d’attention à un instant, renfermée l’instant d’après, j’avais peu d’amis. Mes enseignants eux non plus ne parvenaient pas à comprendre mon comportement inégal.

On m’a dit que j’avais un problème de santé mentale

Craignant que je sois sujette à un problème de santé mentale, ma maman m’a poussée à consulter un médecin généraliste. C’est au moment où je passais mon certificat d’éducation secondaire [équivalent du brevet] que j’ai reçu le diagnostic d’anxiété, dépression et anorexie.

Cependant, aucune de ces étiquettes ne me semblait avoir de sens. Il était certes vrai que j’avais un comportement d’évitement vis-à-vis de la nourriture, mais il n’avait rien à voir avec un problème de contrôle. Je ressentais seulement une aversion envers les aliments de texture pâteuse.

Mais encore, “attaque anxieuse” était un terme d’appoint décrivant l’état dans lequel je me trouvais soudainement lorsque je me sentais submergée.

autisme chez les femmes, traduction article de women'shealth, AFFA

Il m’est arrivé une fois, pendant une visite à Ikea, que le bruit, les néons et l’odeur du bois cumulés me deviennent insupportables. Je me suis mise à pleurer, et me suis prestement cachée dans un placard pour éviter les regards.

La première personne à avoir utilisé le terme ‘autisme’ concernant mon comportement a été mon instructeur d’auto-école.

J’avais 17 ans, et je prenais toutes ses instructions trop au pied de la lettre. S’il me demandait de m’arrêter sur le côté gauche, je le faisais sans prêter attention à ce que les autres automobilistes faisaient.

A force de frustration et par peur que je sois dangereuse, il m’a expliqué que son frère était autiste et m’a encouragée à voir un médecin.

Je me suis rendue chez un docteur, qui une fois encore a balayé mes inquiétudes.

M’interroger sur le fait d’être autiste

Selon lui, il était impossible que je puisse être autiste puisque j’avais moi-même réservé mon rendez-vous.

Avec les années, je suis devenue experte dans la pratique de masquer les aspects de ma personnalité qui paraissaient différents. Je me suis suffisamment adaptée pour faire des sorties nocturnes avec des amis et en 2015, je me suis mariée. Mais je faisais semblant d’être une personne que je n’étais pas, et le mariage ne dura pas.

Désirant urgemment obtenir des réponses, j’ai décidé de me payer une consultation privée avec un spécialiste de l’autisme. Et c’est finalement à 23 ans, que je fus diagnostiquée autiste.

Pouvoir mettre un nom sur ce que j’avais a été un tel soulagement, de comprendre qu’il y avait une raison qui expliquait pourquoi je ressentais ce que je ressentais.

Cela ne signifie pas que vivre en tant qu’autiste adulte ait été facile. Sans posséder de quelconque support dans ma zone locale, il a fallu que je me renseigne par moi-même via internet pour trouver des stratégies d’adaptation. C’est ainsi que j’ai pu trouver du réconfort, grâce aux conversations échangées avec d’autres personnes autistes.

Ces personnes m’ont expliqué que je ne pourrais pas être capable de stopper tous les meltdowns – qui pouvaient être déclenchés par des situations sociales ou sensorielles – mais qu’il existait des stratégies que je pourrais apprendre pour m’aider à les contrôler.

 

Comment l’autisme affecte ma vie

Il m’arrive encore d’être prise au dépourvu. Comme par exemple lorsque des feux d’artifices m’ont récemment prise par surprise, me laissant dans un état de choc, trempée de larmes. Je trouve que les supermarchés, avec tous leurs bavardages, sont tout aussi insupportables.

Mais j’adore les concerts, et si je sais que je vais être amenée à être dans un environnement très bruyant avec des projecteurs, je peux m’y préparer psychologiquement. J’ai aussi appris à voir les côtés positifs de ma condition.

J’ai une très bonne mémoire et un œil alerte pour ce qui est des détails. Comme par exemple être capable de dire à ma mère du tac au tac qu’elle a déposé un jeu de clés de secours dans un pot coloré, dans un placard, dans telle pièce, il y a dix ans.

L’un des plus gros questionnements est celui de comment les autres réagissent face à l’autisme. Je me suis entourée de personnes qui comprennent ma condition, des personnes qui ne prennent pas personnellement le fait que je puisse ne pas être enthousiaste à l’idée de faire une sortie, et qui acceptent que je puisse partir d’une fête même s’il est tôt. Cela comprend également que ma bulle soit souvent éclatée par des commentaires émis par des personnes étrangères.

 

Vers l’engagement activiste de sensibilisation

Oui, des personnes autistes peuvent s’asseoir dans un pub et boire une pinte avec vous. Non, je ne suis pas comme ce gars dans The Big Bang Theory.

Ma frustration envers la perception de l’autisme par le grand public m’a conduite à lancer le hashtag #DoILookAutisticYet? (#Ai-je l’air assez autiste ?) qui est devenu viral, et qui je l’espère ouvrira les yeux du public sur la réalité de ce qu’est l’autisme. Mais il est aussi destiné à toutes les personnes qui se sentent telles que j’ai pu me sentir, quelle personne qui ait pu recevoir un diagnostic de santé mentale qui ne semble pas vraiment juste.

Réclamez des réponses, et vous trouverez certainement celle que vous cherchez.

autisme chez les femmes, traduction article de women'shealth, AFFA

Qu’est-ce que l’autisme?

 

Le Dr. Sarah Vohra, consultante en psychiatrie et auteur :

L’autisme se développe à partir de la petite enfance et affecte comment une personne se perçoit et perçoit le monde, et comment elles interagissent avec l’environnement.

Jusqu’à récemment, les travaux de recherche ont établi la répartition homme/femme de l’autisme à 3 individus masculins pour 1 individu féminin. Cependant, de nouvelles données suggèrent que le nombre de femmes de la condition a été sous-estimé. Ceci peut se manifester par un spectre de difficultés, affectant les personnes de diverses manières.

Ces individus peuvent avoir du mal avec la communication sociale et l’interprétation des intentions/sentiments d’autrui, mais aussi être sensible à des sons, textures et goûts particuliers ; ce dernier paramètre affectant souvent leur alimentation.

Il n’existe pas de remède à l’autisme. Cependant les personnes souffrant de troubles psychologiques associés à l’autisme – tels que la dépression et l’anxiété – peuvent nécessiter une thérapie ou la prescription d’un traitement approprié.

Plus de renseignements sur la campagne de sensibilisation de Hanna sur :

www.pdf24.org    Send article as PDF   

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