L’autisme est souvent présenté comme un « trouble », une vulnérabilité qui nous plonge dans des états dépressifs ou névrotiques. Mais qu’en est-il de nos atouts ? Article écrit par Chloée Bichet, membre de l’AFFA
Concernant nos hyper sensorialités, ne nous procurent-elles pas parfois des instants de douceur, de tendresse ? Une simple caresse ne nous fait-elle pas vibrer, un son agréable ne nous fait-il pas frissonner, une image pleurer ? Si certains « spécialistes » nous présentent comme des individus insensibles, déconnectés de la réalité, « dans leur monde », ne se fourvoient-ils pas ? Ne sommes-nous pas au contraires capables de percevoir beaucoup plus que ceux qui se considèrent comme des « personnes normales » ?
Attentives au monde qui nous entoure, respectueuses des êtres vivants (beaucoup de personnes autistes sont végétariennes), amoureuses de la Nature, nous réagissons trop vite, trop fort mais au moins nous vivons, nous respirons et nous expérimentons des sensations qui nous rendent chaque jour plus conscientes de notre environnement. Alors oui, nous souffrons beaucoup, nous payons le prix de nos hyper sensorialités, de notre hypersensibilité mais toutes ces épreuves ne nous poussent-elles pas à développer des trésors de persévérance, de bravoure et de pugnacité ?
La résistance, la résilience, la fidélité, l’authenticité, l’intolérance face à l’injustice, la volonté de protéger les plus faibles, notre sens de l’honneur… Sont autant de facettes de nos personnalités, de même que notre incapacité à mentir, pour au contraire parler juste, parler vrai. Certains penseront que notre spontanéité et notre franchise blessent, détonnent et dénotent mais ne vaut-il pas mieux prôner l’honnêteté et l’intégrité plutôt que de se perdre dans les méandres du mensonge et de la manipulation ?
Rester fidèle à ses convictions, à sa parole pour ne point faillir envers soi et les autres, défendre la vérité, c’est le cheval de bataille de bon nombre de femmes Asperger.
Et que dire de nos passions, solidement ancrées, qui nous aident à vivre, voire à survivre pour certaines… ? Ces « personnes normales » qui pointent du doigt nos intérêts spécifiques, ne comprennent-ils donc pas que ces derniers sont essentiels à notre équilibre ? Ils nous aident à affronter cette société humaine dont les codes nous échappent le plus souvent.
Ne doutons jamais que nous avons notre place en ce monde, et chacune une mission. Certains nous voient comme de grandes naïves mais nous préférons parler de notre « candeur ». Nous avons cette faculté innée de croire en l’innocence des autres parce que nous-mêmes cultivons naturellement l’innocence et l’intégrité. Notre profonde empathie envers autrui fait de nous des femmes auprès desquelles on peut s’épancher, se confier tout en sachant que nous nous montrerons discrètes. Notre différence n’est pas une faiblesse mais une originalité. Pourquoi ne pas changer notre manière de nous qualifier ? Au lieu de naïves pourquoi ne pas nous dire « candides », au lieu de têtues, considérons-nous comme obstinées et idéalistes, au lieu de violentes, voyons-nous comme expressives. Cultivons notre tempérament instinctif, ne craignons pas la gravité qui règne en nous à force d’épreuves mais acceptons-là comme un gage de sagesse.
Alors non, tout n’est pas rose, tout n’est pas tendre dans nos existences de femmes autistes mais nous savons transcender nos douleurs en expériences qui enrichissent l’esprit, attendrissent le cœur et rendent l’âme créative.
Merci pour ce beau texte, je vais l’afficher et m’encourager chaque jour qui vient à oser “être” cette femme là 🙂
Laurence
Merci infiniment pour ce texte, cela rejoint mes réflexions post-diagnostic et je suis complètement en accord avec ce que vous pensez à ce sujet !
Merci beaucoup !
Effectivement, le mot résilience raisonne en moi surtout ce soir !
Ou comment trouver du positif dans des situations qui semblent « Ouaw »