Le cerveau des filles autistes présente des caractéristiques anatomiques distinctes


Phan Tom, créatrice de comprendre l’autisme et membre de l’AFFA, partage avec nous cette traduction du texte d’Hannah Furfaro,

« Autistic girls’ brains show distinct anatomical features »

publiée le 16 septembre 2019 dans le magazine de vulgarisation Spectrum News.

L’auteure aborde le sujet des différences de caractéristiques anatomiques entre le cerveau des filles autistes et celui des garçons autistes.

Introduction

Les réseaux de fibres nerveuses dans le cerveau des filles autistes sont plus fragmentés que celles des filles typiques. En revanche, une nouvelle étude suggère que la structure du cerveau des garçons autistes ne peut être distinguée de celle des garçons typiques¹.

Les résultats viennent d’une des plus grandes études sur les différences entre les sexes dans la structure du cerveau chez les personnes autistes. Les chercheurs ont eu du mal à trouver un ensemble cohérent de différences dans la structure du cerveau entre garçons et filles.

« Nous pensions bien voir quelque chose chez les filles, mais nous ne nous attendions pas à ce résultat spectaculaire. Nous ne voyions rien chez les garçons, puis nous avons vu toutes ces différences chez les filles »,

déclare le chercheur principal Roger Jou, instructeur au Yale Child Study Centre.

L’étude est remarquable pour son attention portée aux filles autistes, qui sont peu étudiées – en partie parce que peu d’entre elles sont diagnostiquées : environ quatre garçons pour chaque fille ont un diagnostic d’autisme.

Il est « super, super inhabituel » pour les études d’imagerie cérébrale d’inclure un échantillon significatif de filles autistes, déclare Kajsa Igelström, professeure assistante de neuroscience à l’université de Linköping en Suède, qui n’a pas participé à la recherche.

« [La nouvelle étude comprend] suffisamment de femmes pour au moins savoir qu’ils ont des résultats solides »,

dit-elle.

Contrôle de qualité

Les chercheurs ont recruté 25 filles et 56 garçons autistes, et 15 filles et 23 garçons au développement typique. Cela a pris cinq ans pour constituer ce groupe, ce qui reflète la difficulté de recruter des filles autistes dans les études, explique Jou.

L’équipe a examiné le cerveau des participants à l’aide d’un système d’imagerie par tenseur de diffusion, qui suit le flux d’eau le long des voies nerveuses cérébrales pour révéler leur emplacement et leur intégrité. L’intégrité est une mesure de la manière dont les réseaux sont ordonnés.

Deux chercheurs ont examiné les images pour détecter les distorsions dues aux mouvements de la tête dans le scanner et ont exclu les numérisations floues ou irrégulières.

« C’était assurément une force de l’étude, le soin avec lequel ils ont abordé la façon de gérer le mouvement dans leur ensemble de données »,

déclare Christine Nordahl, professeure agrégée de psychiatrie et de sciences du comportement à l’Université de Californie, non impliquée dans la recherche.

Par rapport aux sujets témoins, les filles et les femmes autistes ont une intégrité moindre dans plusieurs réseaux de nerfs, ont découvert les chercheurs, notamment dans une zone reliant le lobe occipital situé à l’arrière de la tête au lobe temporal latéral. Les différences sont plus grandes du côté gauche du cerveau que du côté droit. Cela explique peut-être les difficultés linguistiques des filles, car les principales régions linguistiques du cerveau se situent dans l’hémisphère gauche, explique Jou.

Effet protecteur

Il n’y a pas de différences apparentes dans la structure du cerveau entre les garçons autistes et les garçons au développement typique. Les résultats ont été publiés en juillet dans AutismResearch.

Les filles autistes ont des traits autistiques similaires à ceux des garçons : les deux sexes ont obtenu des résultats similaires lors d’un test de sévérité de l’autisme. Ce résultat correspond à une théorie appelée l’effet protecteur féminin, disent les chercheurs. Cette théorie postule que les facteurs biologiques – tels que le manque d’intégrité des voies cérébrales – doivent être plus extrêmes chez les filles que chez les garçons pour aboutir à l’autisme.

Cependant, la preuve est indirecte.

« C’est cohérent avec l’effet protecteur féminin, mais je ne pense pas que ce soit une preuve de [la théorie] »,

dit Nordahl.

Le groupe d’âge étendu des participants est une limite de l’étude, dit Nordahl. Les différences structurelles chez les garçons et les hommes autistes ne pourraient apparaître qu’à certains âges, et le regroupement de personnes d’âges différents pourrait masquer cette variation.

Pour rendre compte de cette faille, l’équipe prévoit de recruter plus de participants et d’analyser les résultats par âge, explique Jou.

¹. Lei J. et al. Autism Res. Epub ahead of print (2019) PubMed

Spectrumnews publie des informations et des analyses en lien avec l’évolution de la recherche dans l’autisme. Spectrumnews est une organisation financée par la Simons Foundation Autism Research Institute (SFARI), tout en étant indépendante sur le plan éditorial.

© Simons Foudation, Spectrum and authors, tous droits réservés

© Traduction Phan Tom, pour l’Association Francophone de Femmes Autistes (AFFA).

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