Les comportements répétitifs montrent des différences entre les sexes dès le plus jeune âge


Hannah Furfaro pour Spectrum News, 11 avril 2018
Traduction : Phan Tom pour l’AFFA
Article original : Repetitive behaviors in autism show sex bias early in life

Les petites filles autistes pourraient collectionner les poupées et jouets au lieu de jouer avec de manière standard

Les filles autistes ont un peu moins de comportements répétitifs et restreints que les garçons autistes, selon une des plus grandes études sur les différences de sexe chez les enfants autistes.

La différence est minime et est seulement observée chez les enfants âgés de 5 ans ou moins. Filles et garçons âgés de plus de 5 ans ont des comportements répétitifs et restreints de sévérité comparable, et les enfants de tout âge montrent des compétences similaires en communication sociale.

Environ quatre fois plus de garçons que de filles ont un diagnostic d’autisme. En conséquence il existe peu d’informations sur la manière dont l’autisme est présent chez les filles.

Cette nouvelle étude est basée sur 2684 personnes autistes dans neuf pays en Europe. Cela confirme les résultats obtenus dans de plus petites études – et dans une vaste étude sur les personnes autistes menée aux Etats-Unis.

« C’est une des différences les plus cohérentes qui a émergé entre filles et garçons » a souligné le co-responsable de cette recherche Tony Charman, qui a une chaire de psychologie clinique de l’enfant au King’s College de Londres.

Un des points forts de cette nouvelle étude est qu’elle inclut près de 500 filles autistes, atteignant une ampleur supérieure aux autres travaux.

« Nous continuons à chercher des différences entre les sexes, mais c’est une entreprise délicate car nous trouvons bien moins d’échantillons de recherche de femmes que d’hommes » rapporte Catherine Lord, directrice du Center for Autism and the Developing Brain à New York au Presbyterian Hospital. « Ce qui est vraiment intéressant dans cette étude, c’est qu’ils avaient un échantillon si important qu’ils pourraient avoir davantage de filles ».

L’écart des  parents

Entre 2015 et 2017, Charman et ses collègues ont contacté 100 organisations à l’intérieur d’un consortium appelé « European Autism Intervention – A Multicentre Study for Developing New Medications  EU-AIMS » (Intervention européenne sur l’autisme – Une étude multicentrique* pour développer de nouvelles médications).

L’étude a observé 2220 garçons et hommes et 464 filles et femmes. Près de la moitié des participants étaient âgés de moins de 6 ans, 1133 avaient entre 6 et 18 ans et 415 étaient âgés de plus de 18 ans.

Les chercheurs de 18 organisations ont fourni, pour la plupart des participants, les scores de deux tests diagnostics de référence : l’ADOS (échelle d’observation pour le diagnostic de l’autisme menée par les cliniciens sous forme d’entretien semi-structuré) et l’ADI-R (questionnaire parental appelé « Entretien pour le diagnostic de l’autisme »).

L’ADI-R demande aux parents d’évaluer le comportement de leur enfant, incluant les comportements répétitifs et restreints.

En moyenne les réponses des parents donnent un score légèrement plus élevé concernant les comportements répétitifs et restreints des garçons âgés de moins de 5 ans, par rapport aux filles du même âge. Ce résultat n’est pas valable pour les enfants plus âgés, ni pour les scores à l’ADOS, qui mesurent le comportement uniquement durant le temps du test. Ces résultats ont été publiés en février 2018 dans la revue Journal of Autism and Developmental Disorders (journal de l’autisme et des troubles développementaux).

La différence de sexe n’est pas statistiquement significative si les chercheurs contrôlent le QI non verbal des participants. Cependant, ce calcul implique seulement les données provenant de 1283 des participants car les tests d’intelligence des autres n’étaient pas disponibles, explique Julian Tillmann, un chercheur postdoctorant dans le laboratoire de Charman. Mais selon les experts, cette réserve ne porte pas atteinte aux résultats.

« Je ne pense pas que cela affaiblisse l’étude » mentionne Donna Oswald, directrice de centre de diagnostic et recherche à Commonwealth Autism, Richmond, Californie.

Collectionner les poupées

La différence de sexe est particulièrement convaincante parce que les conditions de l’étude impliquent que les enfants y participant ont des comportements similaires les uns aux autres.

En effet, les chercheurs y ont accepté seulement des personnes ayant reçu un diagnostic d’autisme et des scores supérieurs aux seuils à l’ADOS et l’ADI-R, mentionne Kevin Pelphrey, directeur de l’Institut de l’autisme et des troubles neuro-développementaux à l’université de George Washington, Washington, D.C, qui n’était pas impliqué dans ce travail : « Étant donné que les enfants sont naturellement plus semblables s’ils ont les mêmes seuils pour l’inclusion à l’étude, il est encore plus surprenant quand on observe une différence significative », dit-il.

Les résultats peuvent refléter le manque de conscience des parents sur la manière dont se manifeste l’autisme chez les filles.

Certains parents pourraient ne pas reconnaître les intérêts restreints chez leurs filles parce que ceux-ci ressemblent à ceux des filles typiques (non autistes), dit Charman. Par exemple, les filles autistes peuvent collectionner les poupées d’une manière obsessionnelle plutôt que de jouer avec comme pourrait le faire une fille typique (non autiste).

L’ADOS et l’ADI-R, qui sont élaborés à partir d’observations de garçons autistes, pourraient échouer de manière similaire à relever ces subtilités.

« C’est probablement une question de temps avant que ces outils soient mis à jour » mentionne Oswald.

L’équipe de Charman a prévu d’analyser les questions individuelles dans les tests afin de mieux comprendre les différences entre les sexes relevées dans les tests.

Références 

  1. Tillmann J. et al. J. Autism Dev. Disord. Epub ahead of print (2018) PubMed
  2. Frazier T.W. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 53, 329-340 (2014) PubMed

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