LEVONS LES TABOUS !!
Des chiffres :
• 85% des agresseurs sont connus de la victime et 8 fois sur 10 les abus sont répétés.
• 3/4 des violences sexuelles sont commises par l’entourage familial : 1/3 par père 1/5 par les beaux-pères 1/20 par les grands parents 1/20 par les frères et sœurs Ou par des familiers: baby-sitter, enseignants, éducateur,…” .
• 97 % des agresseurs sont des hommes
(source étude Victimologie et traumatismes).
La violence sexuelle, qu’elle soit une contrainte verbale, visuelle, psychologique ou un contact physique, est une violation de l’intégrité de la personne humaine et provoque toujours un traumatisme. Tout individu forcé a agir contre sa volonté, soit sans consentement est victime d’un agresseur.
Mais qu’est-ce que le consentement ?
Sans le consentement ou la capacité de le verbaliser, l’enfant (l’adolescent ou l’adulte) est victime d’une agression qui étouffe, broie et humilie l’esprit, l’âme et le corps. Il n’existe pas de réaction type à la violence sexuelle. Chaque individu a une personnalité, une énergie et des ressources morales différentes. D’autres facteurs importants entrent en ligne de compte, tels que le handicap, la relation de l’enfant (adolescent ou adulte) avec son bourreau, la gravité du sévice, sa durée ou encore l’âge où s’est produit l’acte de violence sexuelle.
Mais qu’entend-t’on par violence sexuelle ?
Une violence sexuelle peut-être verbale :
- une sollicitation sexuelle directe, sans le désir de la personne
- l’usage de termes sexuels, sans le désir de la personne
- la séduction subtile, sans le désir de la personne
- l’insinuation, sans le désir de la personne
Une violence sexuelle peut-être visuel, par exemple :
- un regard insistant sur certaines parties du corps, sans le désir de la personne
- le fait de se dévêtir et de se montrer nu, sans le désir de la personne
- de pratiquer un acte sexuel à la vue de quelqu’un, sans le désir de la personne
Une violence sexuelle peut-être psychologique :
- imposer sa propre manière de penser concernant la sexualité de l’autre
- des lavements répétés, sans le désir ni le consentement de la personne
- intérêt excessif concernant la sexualité de l’autre
- la contraception imposée
- la toilette intime faite par un tiers qui ne tient pas compte de l’évolution de la personne ou qui est réalisé sans son désir ni son consentement.
Une violence sexuelle peut-être un contact physique :
- le baiser, sans le désir ni consentement de la personne
- l’attouchement du corps à travers les vêtements, sans désir ni consentement de la personne
- attouchement corporel direct de la peau, sans désir ni consentement de la personne
- simulation de rapport sexuels, sans le désir ni le consentement de la personne
- contact génital, sans désir ni consentement de la personne
- pénétration génitale, anale ou orale, sans désir ni consentement de la personne.
Les femmes sont davantage victimes de violences sexuelles.
La place de la femme a longtemps été synonyme “d’esclavage” insidieux où elle se doit d’être conforme à une attente sociale. Dans les médias, la femme est souvent représentée comme objet de fantasme, en particulier sexuels, stimulés par des allusions publicitaires. Leurs capacités intellectuelles sont souvent niées et le corps féminin est réduit à un instrument de séduction ou à un objet de désir.
La femme est conditionnée dès son enfance par les jouets, les vêtements et ses couleurs, etc… Mais également par cette autorité paternelle qu’elle entendra, signifiant ainsi pour l’enfant que les décisions appartiennent au père plutôt qu’à la mère.
Extrait du film “La Domination Masculine” de Patric Jean
Malheureusement, les filles, les adolescentes, les femmes autistes ne sont pas épargnées !
Elles peuvent être également victime de ces agressions.
Il est plus que nécessaire qu’une prévention sexuelle soit faite, et ce, dès la petite enfance. Les parents en ont le premier rôle. La sexualité reste du domaine de l’intime mais l’éducation sexuelle, NON !
Un enfant ne sait pas, ce qu’on NE lui a PAS appris. L’être humain apprend par la connaissance théorique et par l’expérience. Une personne va, dans la mesure où il n’a ni la connaissance ni l’expérience, faire confiance à l’adulte (attention – voir item prévention). Il est important de donner à une enfant, une adolescente ou une adulte, une information qu’elle peut intégrer avec son propre niveau de compréhension, comme on le fait normalement lorsque nous voulons la protéger.
Notre association participe à un travail commun avec le mouvement français du Planning Familial où le projet est la création d’outils de communication sur les violences sexuelles (plaquette ou/et livret ou/et micro-film/saynète). Son but étant de faciliter la compréhension pour la personne autiste sur ce sujet. Nous souhaitons que ces outils soient destinés à la personne autiste, à sa famille, aux établissements médico-social et de santé.
La prévention passe par l’éducation sexuelle, mais pas seulement :
- inciter à la notion de choix (exemple pull bleu ou vert). Tous les petits choix du quotidien incitent à l’affirmation de soi. Il est impératif d’être à l’écoute afin de respecter ce qui est agréable ou désagréable pour la personne (l’apprentissage de ce qui bon pour soi).
- leur apprendre à dire non (savoir dire Non c’est se respecter, c’est laisser parler ses propres désirs et considérer ses propres besoins. C’est apprendre qu’il n’est pas interdit, malsain ou malvenu de dire NON )
Le choix et le NON permettent l’affirmation de soi augmentant ainsi l’estime de soi. Si l’affirmation de soi est mise à mal alors l’estime de soi diminue. De ce fait, un cercle vicieux se forme. L’affirmation sera de plus en plus difficile ce qui amène la personne a devenir une proie idéale pour son prédateur. - connaître son corps
- les limites de son intimité : corporel et spatial (toquer à la porte des chambres par exemple)
- l’apprentissage de la toilette intime (et de l’essuyage de l’appareil urinaire et de l’anus lors du passage au toilette) doit se réaliser dès la petite enfance, par les parents. Ceci lui permettra d’apprendre que seul lui peut être en contact physique avec cette partie du corps. “Notre corps nous appartient” : Inciter la personne à respecter ses désirs, ne pas forcer le contact physique lors du bonjour, ne pas donner de la tendresse physique si la personne manifeste corporellement ou verbalement du rejet.
- Concernant l’autorité de l’adulte : expliquer que chaque adulte (ou personne plus grande que l’enfant) a une mission qui lui est propre dans un contexte précis et un lieu précis. Préciser à la personne autiste que s’il venait à sortir de sa mission en se servant de son autorité, cela n’est donc pas normal (danger potentiel). Il est nécessaire d’apprendre à bien catégoriser les personnes qui peuvent être en contact avec l’enfant, l’adolescente ou l’adulte (parents, médecin, éducateur, facteur, voisin, étranger, ect). Sa matérialisation peut se réaliser sur un support où chaque pastille de couleur sera associé à une catégorie.
La prévention limite les risques…
En cas d’agression, les conséquences à court terme et long terme sont dramatiques tant dans la construction de l’enfant que dans sa vie de femme d’adulte.
Échantillonnage des conséquences possibles de ces violences :
- sentiment de honte et de saleté
- conduites addictives et d’auto destruction
- dépression
- sentiment de culpabilité
- mal être généralisé
- dégoût de soi
- problème gynécologique
- attaque de panique
- échec scolaire, professionnel
- troubles du sommeil
- conduite à risque
- troubles alimentaires
- évitements phobiques
- confiance en l’autre compliquée
- augmentation des difficultés relationnelles
- blocage affectif
- dissociation
- suicide
- ….
Ces conséquences amènent à un État de Stress Post-Traumatique.
Des études ont montré qu’en moyenne, il faut 16 ans à la victime pour pouvoir mettre des mots et en parler (de quelque manière que ce soit). Il n’est pas toujours facile pour la personne autiste de rester dans cette moyenne.
Dans notre pays, trop peu de structures médicales prennent simultanément L’AUTISME et L’ÉTAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE (ESPT) dans leur pratique d’accompagnement de soin. Ce qui est préjudiciable pour la résilience de ces traumas, car le lien thérapeutique ne peut être de qualité ne favorisant pas la confiance. De ce fait, la communication (verbale ou non verbale) se fait laborieuse et l’expression de ses traumatismes se heurtent au “prendre soin” du thérapeute qui de par sa méconnaissances de l’autisme provoque de la maltraitance inconsciente.
Aujourd’hui, la loi impose un délai de prescription de :
- 3 ans pour une victime majeure après son agression sexuelle
- 10 ans pour une agression sur mineur de moins de 15 ans pour un délit de violence sexuelle, portant le dépôt de plainte en justice avant ses 28 ans.
- et de 20 ans pour une personne mineur de moins de 15 ans, au moment des faits soit jusqu’à ses 38 ans pour un viol.
L’AFFA soutient le mouvement du Ruban Vert Pomme afin de sensibiliser à la révision du délai de prescription légal lors de pédocriminalité et de violences sexuelles sur mineur.
Heureusement une grande majorité d’adultes aiment et protègent les enfants (adolescents ou adultes), néanmoins une personne avertie sera capable de dire non et en parlera à sa manière avec des adultes en lesquels il a confiance, s’il venait à être confronté à ce genre de situation.
Il aura ainsi moins de risque d’être victime d’un pédocriminel pour un enfant ou d’une agression sexuelle pour un adulte.
Personne n’est à l’abri d’être victime de violences sexuelles, que l’on soit autiste ou pas…..
Article rédigé par Marie Rabatel pour l’Association Francophone de Femmes Autistes / Avril 2017
Voir aussi :
Mouvement français du Planning Familial
LE RUBAN VERT POMME : Toutes les informations en première page de ce site internet
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