Chloëe Bichet, diagnostic de syndrome d’Asperger en 2017


Quelles réactions une femme peut-elle avoir lors de l’annonce du diagnostic de trouble du spectre autistique ? Est-ce, comme pourrait le suggérer son nom, un fantôme, une ombre menaçante qui plane au-dessus de nous ? Une sorte d’épée de Damoclès qui nous laisserait présager le pire ? Un glas qui sonnerait notre condamnation à mort ? Peut-être en effet pour certaines d’entre nous, femmes, se voir diagnostiquées « autistes » provoque un choc, d’un tsunami émotionnel. Peut-être en effet ce diagnostic donne un coup d’assommoir à notre moral et à notre estime de nous-même. Peut-être certaines d’entre nous éprouveront-elles de la honte et pourtant…

 

Chez moi, ce fameux diagnostic de l’autisme n’a pas été une sentence mais une délivrance. Il a ouvert un nouvel horizon dans mon existence, une nouvelle perspective de vie, une nouvelle manière de me voir. Soudain mes difficultés ont pris un sens différent, expliqué, « justifié ». Puisqu’en ce bas monde il faut croire que l’on ait besoin de se « légitimer » lorsque l’on ne « rentre pas dans les cases » et que l’on sort de la norme, le diagnostic de l’autisme m’a offert et offert à mon entourage une meilleure compréhension de moi-même.

Désormais, mon reflet dans le miroir change, je ne me considère plus avec un regard scrutateur et accusateur mais avec davantage de patience et de bienveillance. Oui, passé l’ébranlement intérieur, je renais. La carapace devenue chrysalide se fend, se délite pour me permettre de me révéler librement telles que je suis. Parfois même résonne dans mon esprit « j’ai le droit d’être fatiguée, j’ai le droit de m’isoler, c’est normal ». Oui, s’il est choquant de devoir « se donner le droit » d’être en difficulté ou en détresse, c’est pourtant la réalité de la condition humaine actuelle. Trop souvent notre environnement extérieur nous accable de la culpabilité de nous sentir mal et éprouvées. Alors au moins vis-à-vis de moi même, le diagnostic apparaît comme un soulagement, un mot sur mes douleurs et mes gouffres…

Enfin, plus matériellement mais oh combien nécessaire à ma survie dans la société, le diagnostic me permet de bénéficier de thérapies et des accompagnements adaptés à mon syndrome et d’enclencher un processus d’allégement de mes épreuves et de mes crises… Oh certes, il demeurera toujours des moments d’errance, de désillusion et d’angoisse mais grâce au diagnostic, il me sera plus aisé de les accepter et de prendre une once de recul sur eux.

Acceptation, pacification avec soi, détachement peut-être plus aisé, c’est ce que le diagnostic m’a apporté !

Aussi, confiance ! Le diagnostic du spectre autistique n’est ni une sentence, ni une condamnation à mort mais un tremplin vers une trêve avec nous-même et avec les autres !

 

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