Depuis 1992, la Journée internationale des personnes handicapées est célébrée chaque année le 3 décembre à travers le monde. Elle vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement et à accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle
« Le vrai voyage ce n’est pas de chercher de nouveaux paysages mais un nouveau regard. »
Marcel Proust
À cette occasion, Lucia Dauphin du Québec, jeune femme autiste et membre de notre association a souhaité prendre la parole « Pour un monde plus bleu »
L’autisme fait partie de ma réalité. Malgré le fait que j’ai vécu une enfance heureuse, entourée de gens aimants, je n’ai pas eu accès à tous les services que j’aurai dû recevoir, tant dans la vie en général qu’à l’école. Tout cela est dû à une certaine méconnaissance de l’autisme qui est souvent confondue à la maladie mentale ou à la déficience, malgré les études et les outils qui se sont créés au fil des années. Même aujourd’hui, plusieurs adultes autistes âgés de plus de 21 ans sont laissés pour compte parce qu’il n’y a pas beaucoup de services visant cette clientèle. Voici certains aspects que la société doit améliorer si nous voulons vivre dans un monde plus bleu, bleu comme la couleur de l’autisme et de la confiance.
Premièrement, il faut favoriser davantage l’inclusion dans les milieux scolaires et au travail.
Le fait que la personne autiste se trouve dans un endroit adapté à son environnement et entourée de gens doux et bienveillants est un grand atout pour lui.
Aussi, une personne différente a toujours besoin d’apprendre à sa manière et à son rythme. Par exemple, je n’ai pas pu aller à l’école secondaire régulière parce que la direction et le personnel enseignant n’ont pas pu m’offrir un environnement et un système d’apprentissage adapté à mon état. Cependant, j’ai réussi à obtenir mon diplôme dans une école pour adultes en moins de deux ans. Heureusement qu’il y a eu de l’amélioration dans le système scolaire et qu’il existe de plus en plus des organismes qui favorisent l’intégration au marché du travail.
En deuxième lieu, la désinformation et l’ignorance sont des causes de l’intimidation et d’incompréhension des personnes différentes. Si les gens lisaient plus d’ouvrages ou d’études à l’endroit des autistes, ils comprendraient davantage pourquoi ils ont des manies pour se régulariser, qu’ils ont parfois des sauts d’humeur quand ils sont trop sollicités ou qu’ils posent les mêmes questions parce qu’ils sont très passionnés par un sujet. Durant mon enfance, j’ai eu de la difficulté à me faire des amis suite à cela.
Au fil du temps, j’ai réussi à me faire respecter des gens et j’ai maintenant un réseau social qui accepte ma condition et mes limites.
C’est pour toutes ces raisons que la sensibilisation à l’autisme est la cause qui me passionne le plus parce qu’avec un manque de ressources et services, la personne différente empêche de développer son plein potentiel et d’accroître ses chances de réaliser ses rêves. Même si j’ai une certaine autonomie, il y a quelques rêves que je n’ai pas pu concrétiser avec ma différence comme aller à un bal de promo, comme n’importe quel autre étudiant du lycée.
Néanmoins, j’ai réussi à trouver des façons de vivre qui me conviennent et j’ai trouvé le bonheur à ma manière, même si je n’ai pas exactement une vie comme les autre personnes de mon âge. «
Lucia Dauphin, jeune adulte du Quebec et membre de l’association Francophone de Femmes Autistes
Pour en savoir plus sur la journée internationale dédiée aux personnes en situation de handicap https://www.un.org/fr/observances/day-of-persons-with-disabilities