Nathalie G – Diagnostic de syndrome d’Asperger en 2015


 Mon diagnostic ne me pose pas de problème, je l’assume très bien et je n’ai pas de difficultés à en parler aux personnes en qui j’ai confiance.

Dans mon parcours, le pré-diagnostic a eu autant voire plus d’impact que le diagnostic, je vais donc m’attarder un peu sur cette étape.

Quand j’ai décidé d’entreprendre une démarche de pré-diagnostic, c’est tout simplement parce que plus rien n’allait dans ma vie. Aucune perspective d’avenir, une énième dépression… Il me fallait une cause, quelle qu’elle soit, pour expliquer ça. Et comme j’ai deux neveux concernés par le TSA, il me semblait cohérent d’explorer cette piste-là.

Après avoir passé tous les tests, je n’ai attendu le résultat du bilan que quelques mois mais cela m’a semblé long. Je m’étais retenue de lire trop de choses sur le SA pour ne pas « influencer » mes réponses ou mon comportement pendant les tests, ne sachant pas à quoi m’attendre. Je me suis donc rattrapée en attendant le résultat, qui fut donc positif au syndrome d’Asperger.

Sur le moment j’ai ressenti du soulagement, beaucoup de soulagement, car j’y voyais une explication à mes échecs, mes dépressions, etc. Je n’étais pas « folle », ni hypocondriaque ou je ne sais quoi d’autre…

Ma famille a très bien accueilli ce pré-diagnostic. La personne avec qui je vivais à l’époque, moins. Mon couple était déjà très bancal avant cela et ça n’a donc absolument pas arrangé les choses. J’ai fait de l’autisme, comme beaucoup, mon intérêt spécifique et je suis entrée en phase d’introspection sévère. J’ai sans doute fait « moins d’efforts », me laissant tout simplement aller à ce qui me convenait et ce qui m’était plus confortable. On pourrait y voir un renforcement des troubles, personnellement j’ai vu ça comme une période de répit, comme si j’avais enfin le droit de ne plus aller contre mon bien-être…

J’étais heureuse de mettre un nom sur ce qui clochait, mais dans les faits c’était comme si j’étais au milieu d’un puzzle de plusieurs milliers de pièces sans trouver par quel bout commencer. Je me suis retrouvée célibataire. J’y ai vu un rejet de ma personne, de ce que j’étais. Comme si je n’avais pas le droit d’imposer ça à l’autre, alors que je commençais à peine à l’accepter moi-même et à réaliser. Je n’avais mon pré-diag que depuis 10 mois.

De fait, même si ça a été compliqué au début, cette rupture (qui aurait eu lieu de toute façon) m’a finalement aidée à avancer. J’ai pu me concentrer sur moi et sur l’officialisation du diagnostic alors que je ne l’avais pas envisagé au départ. Je n’en voyais pas l’utilité en fait, jusqu’à ce que je réfléchisse aux aides concrètes (RQTH notamment car je n’avais pas travaillé depuis mon accident de travail 2 ans auparavant) et surtout à partir du moment où j’ai commencé à douter de nouveau (« Et si la psy s’était trompée ? Si c’était autre chose ? » Etc.)

Bref, quand mon diagnostic a été validé par un psychiatre en février 2015, j’ai été soulagée (encore). Je pense que ça m’a moins bouleversée que le pré-diag mais finalement quand même un peu plus que je ne l’aurais cru. En revanche, je ne suis pas repartie en introspection ou quoi, le chemin était déjà fait de ce côté-là.

La partie MDPH a été la dernière étape délicate. On en parle peu, mais j’ai trouvé difficile de voir écrit noir sur blanc mon taux d’incapacité. Comme si du jour au lendemain tout avait changé (alors que concrètement, on en revient basiquement à la paperasse, mais quand même)… J’ai mis quelques jours, je crois, peut-être une semaine, à accuser le coup mais le plus gros était fait.

 

Aujourd’hui je sais qui je suis

Il m’arrive encore de tâtonner, de ne pas encore bien situer mes limites, mais j’avance petit à petit. Je n’ai pas de suivi psy pour l’instant mais je pense que ce sera nécessaire à un moment, pour m’aider dans les domaines que je n’arrive pas à régler toute seule.

Je suis de nouveau en couple, avec quelqu’un que j’ai mis au courant de mon diagnostic dès le début. J’ai suivi une formation qui me permet une reconversion professionnelle dans un domaine qui me plaît et qui m’est adapté. Il y a des périodes où je fais un peu l’ermite et d’autres où, au contraire, j’ai envie de sortir et voir du monde (enfin tout est relatif), quand les batteries sont pleines je crois. Je m’impose en tout cas beaucoup moins de choses que dans le passé.

 

Donc au final, de 2013 à 2018, de 35 à 40 ans, ça aura pris 5 ans post-diag, mais je crois que je commence à être enfin en phase.

 

 

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