Laetita S – Diagnostic de syndrome d’Asperger en 2016


Maintenant je vis bien mon diagnostic. Tous mes proches en sont informés et l’ont accepté facilement

L’autisme m’est tombé un peu dessus sans que je le cherche, suite au diagnostic surprise de mon fils que je pensais juste un peu précoce.
Ce fût un choc. Je ne connaissais pas du tout l’autisme et encore moins le syndrome d’Asperger. Mon fils ne collait pas à l’image que j’avais de l’autisme, de l’enfant mutique se balançant et se tapant la tête contre les murs.

Le deuxième choc fût de me retrouver complètement dans les descriptions figurant dans les livres spécialisés que je me suis empressée d’acheter.

Il fallait que je sache alors j’ai demandé une évaluation pour moi-même, tout en étant convaincue de me tromper. C’était trop énorme, je ne pouvais pas être autiste. Cette période fut difficile pour moi et pour mon mari, je tournais en boucle sur l’autisme, sur moi, j’analysais tout. Tout mon passé et tout mon quotidien. Cette période a duré environ 1 an.

Et au final oui, j’étais dans le champ de l’autisme,. C’était une évidence pour les 3 personnes qui m’ont évaluée.

Le (3ème) choc passé, j’étais heureuse et soulagée d’avoir des clés pour me comprendre et surtout comprendre les autres.

Le diagnostic m’a apporté de nombreuses réponses, notamment concernant :

  • ma relation avec mes enfants
    Je n’étais pas froide, rigide et peu tactile. Je suis juste hypersensible au bruit et au toucher, attachée à mes rituels et incapable de mentir. Avant le diagnostic, j’avais l’impression d’être une mauvaise mère et je culpabilisais beaucoup de ne pas être à la hauteur de ce que les médias nous montrent. Le diagnostic m’a enlevé le poids de cette culpabilité, et sans cette culpabilité j’ai pu évoluer favorablement et prendre du recul. Non, les pubs mixa bébé ne sont pas réellement un modèle à atteindre ;-).
  • mes comportements atypiques, mes rituels, mes rigidités
    Tout cela venait de quelque part et avait une explication. Connaissant leur origine, je pouvais agir dessus. Ou les accepter tels quels.
  • ma relation aux autres
    J’ai réalisé que non, je n’étais pas méchante et sans humour (je blessais souvent les autres ou me fâchais avec eux sans savoir pourquoi, sans même m’en rendre compte). En fait, j’ai une théorie de l’esprit défaillante qui fait que je suis trop directe, trop franche, incapable de me mettre à la place des autres, mais ce n’est nullement de la méchanceté. Je ne lis pas le langage non verbal, les sous-entendus, le second degré. J’ai de l’humour, mais je ne comprends pas toujours celui des autres. J’ai découvert que j’avais une part non négligeable de responsabilité dans mes échecs sociaux, professionnels, amicaux.

 

Anxiété sociale et culpabilité

Le revers de la médaille de ce diagnostic et de la prise de conscience de mes difficultés, c’est que j’ai développé une forte anxiété sociale et une forte culpabilité (à la relecture de mon passé). Je me suis renfermée sur moi, j’ai commencé à être terrorisée à l’idée de sortir, de parler aux gens. Peur de mal dire, de mal faire. Je me suis alors centrée sur le virtuel, les réseaux sociaux. J’y ai vu l’occasion d’avoir enfin une vie sociale “normale”, d’avoir des amis. Pour me faire accepter par cette communauté de gens sur internet, j’ai tenté d’être plus souple, plus sociable, plus neurotypique, et j’ai failli me perdre, perdre l’essence même de ce que j’étais depuis toujours. Cette période assez sombre a duré environ 1 an et demi.

Le blog de Laetita : Journal d’une asperger

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