Aristide Fleurdespois – Diagnostic de syndrome d’Asperger en 2018


31 décembre 2017 – Bureau d’un psychiatre spécialisé en autisme, 11h45
Lui – « Madame après cet entretien, tout porte à croire qu’effectivement, il se pourrait, il est très probable… que vous ayez des traits en liens avec l’autisme… »
Moi – « Qu’est-ce que ça veut dire ? »
Lui – « Je vous engage à poursuivre votre recherche et à vous rendre auprès du CRA pour un diagnostic officiel. Je ferais un courrier pour vous. »
Tout s’écroule et laisse apparaître une nouvelle vérité… une vérité que mystère … je connais déjà ?????
– « What the fuck ? » comme dirait mon fils !

 

Je marche dans la rue, je sens mes larmes.

Jaillissent d’énormes sanglots que je ne me connaissais pas et que je découvre pour la première fois.

À partir de cet instant vont « remonter à la surface » comme libérées d’une oubliette profonde, une foultitude de réactions, de sensations, de gestes … Un autre moi.

D’où vient cette personne qui arrive, invisible, ignorée, enterrée ?

Et le moi qui découvre tout cela ? Que va- t-il devenir ?

 

Le sol soudain se dérobe sous mes pieds, je vacille de ce vertige vieux de 50 ans.

Une sensation étrange m’envahit, moi qui croyais dur comme fer que je venais d’une autre planète, que j’étais là par erreur, et que forcément un jour, on viendrait me chercher.

 

Moi qui pendant de longues années ai versé tant de larmes emphatiques pour ce vilain petit canard.

Au fil de mes pas mon cerveau débridé envoi le film de ma vie en accéléré, les images se bousculent et s’entrechoquent dans ma tête.

 

J’ai entendu dire que cela arrivait aux personnes qui avaient un accident et qui était en danger de mort.

Mon moi est-il en train de mourir ?

Une sourde colère me relève de cet abime. Face à cet amas de violences, d’énergies vaines et inutiles,

je me sens volée, kidnappée, escroquée depuis le début.

 

Une image fulgurante me vient…

Moi qui rêvais enfant devant les westerns… je suis l’indien enlevé et élevé par les cow-boys.

Je ne suis pas un cow-boy, je l’ai toujours su ! Voilà pourquoi ils se lamentaient et me trouvaient si

nulle. C’est maintenant une évidence je ne pouvais pas être un bon cow-boy parce depuis toujours je suis un indien !

 

Je m’arrête au milieu de la rue sous la pluie, car je viens de comprendre que n’étant pas le dernier Mohican, j’ai donc un peuple, des personnes comme moi, je ne suis pas seule au monde !

Je me vide de mes larmes et tout mon être se remplit.

Besoin de se poser, de suspendre le temps, de respirer.

Je m’assois et regarde le ciel de pluie.

Une grande et longue inspiration presque douloureuse.

Rien ne sera plus jamais comme avant.

Je viens de naître une seconde fois.

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