Jeudi 6 décembre : la délégation aux droits des femmes a organisé au sénat une table ronde sur les violences faites aux femmes handicapées.
Cette table ronde était présidée par la sénatrice Annick Billon, et avec entre autres comme intervenants :
Sophie Cluzel (secrétaire d’État aux personnes handicapées), Ernestine Ronai (membre du HCE), Jacques Toubon (Défenseur des droits), Pascale Ribes (vice-présidente de France Handicap et membre du CNCPH), Brigitte Bricout (présidente de FDFA).
Lors de cette table ronde, Mié Kohiyama, présidente de l’association Moi Aussi Amnesie, a pu évoquer la situation des violences faites aux femmes autistes en lisant un texte de Marie Rabatel, présidente de l’AFFA (voir vidéo ci-dessous).
Texte de Marie Rabatel
« Quand 14,5 % des femmes entre 20 et 69 ans en France ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie, ce chiffre passe à 90 % pour celles qui sont atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA).
Un bilan qui fait mal !
Ces femmes subissent une double peine : avant d’être des personnes handicapées, elles sont des femmes, exposées aux mêmes violences que peuvent subir les femmes de notre société. Ces violences sexuelles, le plus souvent perpétrées par l’entourage ou au sein des institutions spécialisées, restent un sujet tabou dans notre pays. Tout se passe comme si ces viols massifs se déroulaient à l’insu de la société….
Ces femmes (verbales ou non) sont violées en toute impunité.
Les femmes atteintes de troubles psychiques, souvent manipulables, représentent des victimes idéales pour les prédateurs sexuels. Leurs difficultés à identifier les comportements violents, à comprendre la notion de consentement et à décrypter les sous-entendus et les intentions d’autrui les exposent à un risque jusqu’à dix fois plus élevé selon un rapport de Human Rights Watch.
Ces chiffres témoignent d’un degré insupportable de violence, face auquel notre premier réflexe est de détourner le regard. Pourtant, fermer les yeux sur cette réalité, c’est nier la souffrance de milliers de femmes.
Si le handicap accroît le risque de violence, les violences accroissent également le handicap : l’impact psycho-traumatique qui en résulte est souvent méconnu des professionnels et donc non pris en charge de manière adaptée, entraînant alors abandon et isolement. Pourtant, cet impact est bien plus sévère chez ces femmes, qui portent très rarement plainte. Quand elles le font, leur difficulté de communication sociale et parfois leur décalage au niveau émotionnel décrédibilise leur témoignage.
Marie Rabatel »
Réaction de la présidente de la table ronde sur ce texte
“Et bien je vous remercie, c’était extrêmement intéressant et poignant à la fois puisque les chiffres que vous rappelez sont effrayants (..). La vulnérabilité est une difficulté supplémentaire à la fois pour témoigner, aller vers les organismes susceptibles d’accueillir, d’accompagner, et elle est souvent peu prise en compte, assez méconnue (…).”
Rédaction par Nathalie Saillard-Pichon, membre de l’AFFA – 08/12/18