La double empathie : pourquoi les personnes autistes sont-elles souvent mal comprises ?


L’article qui suit est un résumé de l’article « Double Empathy: Why Autistic People Are Often Misunderstood » publié le 11 mai 2021 sur le site kids.frontiersin.org
Autrices/auteurs : Catherine J. Crompton, Kilee DeBrabander, Brett Heasman, Damian Milton, Noah J. Sasson

Merci à Catherine Petit-Clair, membre de l’AFFA, pour son travail de résumé et traduction !

On s’imagine souvent que les personnes non autistes ont plus de facilités à comprendre les personnes autistes que leurs propres pairs autistes, qu’en est-il vraiment ? L’article aborde la communication entre personne autiste et non autiste et une théorie en lien, la double empathie, afin d’y voir plus clair.

Les personnes autistes ressentent souvent des difficultés à comprendre les personnes non autistes, à percevoir ce qu’elles ressentent ou pensent. On a longtemps pensé que leur difficulté avec la communication expliquait leur problème d’intégration sociale. Mais des récentes études démontrent que les personnes non autistes éprouvent tout autant de difficultés à comprendre les personnes autistes que l’inverse. Le problème de manque d’empathie serait donc partagé.

Selon l’article, l’empathie dépend des expériences sociales vécues auparavant et des attentes et cela peut se révéler très différents entre personnes autistes et non autistes. Ainsi, un blocage perturbant pour les deux parties peut se créé dans la communication. Par exemple lorsqu’une personne non autiste cherche trop à deviner entre les lignes du non verbal, là où la personne autiste ne ressent pas plus que ce qu’elle exprime verbalement.

Les scientifiques* ont confirmé que lorsque les personnes non autistes rencontrent des difficultés de communication avec des personnes autistes, elles les aiment moins. Ce jugement se forme en quelques secondes. Il n’est pas dû aux sujets abordés par les autistes mais à leur façon d’être, leur apparence et leur façon de parler. Ainsi, les personnes autistes ont moins d’opportunités de se faire des amis ou de trouver un emploi. L’article fait valoir que c’est totalement injuste.

Les personnes autistes et non autistes pourraient avoir du mal à se comprendre. L’interaction entre les deux personnes semble être réciproquement compliquée, c’est la raison pour laquelle la théorie est appelée le problème de la double empathie. Image tirée de l’article https://kids.frontiersin.org/articles/10.3389/frym.2021.554875

Des études récentes* ont montré que les personnes autistes entrent en relation beaucoup plus facilement avec d’autres autistes qu’avec les non autistes. Elles ont plus envie de parler, de s’asseoir à côté ou de vivre proche d’elles. On s’imagine, à tort, qu’une conversation entre deux personnes autistes n’est pas aussi riche et intense qu’une conversation entre deux personnes non autistes. Les personnes autistes partagent plus d’informations intimes avec une autre personne autiste et le lien est aussi fort, c’est vraiment une question de confort.

Les personnes autistes suivent moins de codes sociaux et sont moins dérangées par le fait que les autres ne les suivent pas. Elles laissent ainsi plus de liberté à l’autre de s’exprimer à sa façon, personnelle et unique.

Des études basées sur le jeu du téléphone* (répétition d’un message à l’oreille de personne en personne et restitution de celui-ci à haute voix) ont montré, que les groupes formés uniquement d’autistes et ceux uniquement de non autistes restituent aussi bien le message les uns que les autres. Ce sont les groupes mixtes, constitués d’autistes et de non autistes, qui y arrivent moins bien.

L’article avance que d’autres recherches seraient à envisager sur un public plus jeune. Il serait intéressant de voir si des enfants non autistes ne pourraient pas juger moins durement les enfants autistes en les côtoyant jeunes.  Par exemple dans des groupes scolaires, comme ça se fait de plus en plus de nos jours.

De plus, des études sur un public de personnes autistes avec des difficultés intellectuelles permettraient d’observer si le problème de la double empathie serait amplifié.

En somme, s’il est avancé par ces dernières études que les personnes autistes communiquent plus aisément avec d’autres personnes autistes, nous ignorons toujours les mécanismes de communication spécifiques qui sous-tendent ces échanges. En explorer les caractéristiques pourrait aider à développer une meilleure communication entre autistes et non autistes.

* Les sources des études citées sont à retrouver en bas de l’article original « Double Empathy: Why Autistic People Are Often Misunderstood » publié le 11 mai 2021 sur le site kids.frontiersin.org

Au sujet des mères autistes tout particulièrement, voici le lien vers une étude publiée le 12 avril 2021 intitulée “Intense connection and love: the experiences of autistic mothers” (Connexion et amour intense : les expériences de mères autistes) publiée sur Sage Pub

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