Briser l’omerta qui entoure ces violences, en informant de leur existence, et en formant tous les acteurs afin qu’ils contribuent à les dépister et, mieux encore, à les éradiquer.
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Les personnes en situation de handicap font l’objet d’une discrimination importante : la société leur dénie souvent les droits accordés au reste des citoyens, comme si elles avaient moins de valeur. Leur situation, lorsqu’elles subissent des violences sexuelles, est particulièrement effroyable et éclairante.
La société dans son ensemble faisant peu de cas des personnes en situation de handicap, les agresseurs ont conscience de pouvoir commettre des violences à leur encontre sans vraiment de risque d’être inquiétés. C’est l’une des raisons qui les poussent à cibler particulièrement cette catégorie de la population, par opportunisme et stratégie. La particulière vulnérabilité et dépendance des personnes en situation de handicap, tant sur le plan physique que psychologique, économique et financier, explique aussi pourquoi elles sont surexposées à des violences sexuelles de la part d’agresseurs désireux d’ exercer leur toute-puissance en toute impunité. En effet, les violences sexuelles n’ont rien à voir avec un quelconque désir sexuel. Il s’agit bien au contraire d’actes de domination , de torture, ayant des conséquences catastrophiques sur la santé des victimes, surtout quand ces conséquences ne sont pas traitées sur le plan médical, ce qui est le cas le plus souvent.
Un risque démultiplié de subir des violences sexuelles
La fréquence des violences sexuelles commises à l’encontre des personnes en situation de handicap est donc beaucoup plus importante que dans la population générale , en raison du déni encore bien plus grand dont ces actes cruels et dégradants font l’objet quand ils sont commis à l’encontre d’une population déjà stigmatisée par ailleurs. Les enfants en situation de handicap sont particulièrement en danger : ils ont en effet près de trois fois plus de risques d’être victimes de violences sexuelles que les enfants dans leur ensemble. Or, ces derniers sont déjà particulièrement ciblés par les agresseurs, avec une fille sur cinq et un garçon sur treize victimes de violences sexuelles – agression sexuelle ou viol – avant leurs 18 ans (Organisation mondiale de la Santé, 2014).
Les violences sexuelles sont d’autant plus fréquentes que les victimes cumulent des facteurs de risque liés à des discriminations et des situations de vulnérabilité : handicap mais également âge (enfants et personnes âgées), sexe (femmes et filles), origines réelles ou supposées, précarité, etc. Il y a donc un cumul de risques s’agissant des enfants en situation de handicap et, en particulier, ceux ayant un handicap lié à une maladie mentale ou à des déficiences intellectuelles, avec un risque 4,6 fois plus élevé de subir des violences sexuelles par rapport à ceux qui ne sont pas en situation de handicap et 6 fois plus pour les filles en situation de handicap mental (Dammeyer, 2018).
Les adultes en situation de handicap ne sont pas non plus épargnés, avec un risque, là encore, plus élevé pour les personnes de sexe féminin. Ainsi, près de 35 % des femmes en situation de handicap subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19% des femmes dites valides (Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne « violence against women an EU-wide survey », 2014). Et la situation des femmes autistes à cet égard, absolument catastrophique, est aussi totalement ignorée, y compris des professionnels de santé : en France, près de 90% des femmes atteintes de troubles envahissants du développement subissent des violences sexuelles, dont 47% avant 14 ans ( Congrès de l’encéphale 2019 – Paris, par le Dr David Gourion, Mme Séverine Leduc et Mme Marie Rabatel) . Impensables, les violences sexuelles sur les personnes en situation de handicap ne sont presque jamais envisagées, et encore moins dépistées. Les personnes en situation de handicap ne sont donc que très rarement protégées. Les symptômes qui résultent des violences sexuelles sont souvent mis à tort sur le compte du handicap, qu’elles contribuent d’ailleurs à aggraver . De plus, les conséquences psychotraumatiques sur la santé mentale et physique sont plus importantes chez les personnes en situation de handicap que chez les autres.
Être attentif à tous les signes
Il existe de nombreux signes devant conduire à systématiquement s’interroger sur la survenue éventuelle de violences sexuelles : signes de détresse psychologique , signes physiques , troubles du comportement récents ou aggravation, et symptômes psychotraumatiques notamment. Ces symptômes psychotraumatiques sont notamment des réminiscences ou des flashbacks ; des conduites d’évitement, de contrôle et d’hyper-vigilance ; ainsi que des troubles dissociatifs, qui donnent à l’entourage l’impression que la personne est détachée d’elle-même et indifférente à son environnement.
Accorder plus de considération aux personnes en situation de handicap est donc d’une importance cruciale. Prendre conscience de la fréquence particulièrement élevée des violences sexuelles dont elles font l’objet est un premier pas en ce sens. Il faut que tous les acteurs au contact de personnes en situation de handicap sortent du déni, prennent conscience du phénomène et s’engagent avec détermination pour éradiquer le problème. Pour ce faire, il est important que ces acteurs disposent de connaissances sur les conséquences des violences sexuelles , de manière à s’interroger systématiquement sur une telle éventualité quand une personne en situation de handicap change de comportement .
Mettre en place un dépistage systématique
Il convient alors d’effectuer une démarche auprès de la victime potentielle et de son entourage pour établir si de telles violences ont eu lieu. Des outils permettant aux personnes en situation de handicap de communiquer sur ce thème doivent donc être mis au point et utilisés de manière systématique (par exemple des pictogrammes pour des personnes ne pouvant s’exprimer verbalement). Plus généralement, il est essentiel de mettre en place un dépistage systématique des violences sexuelles en questionnant régulièrement les personnes en situation de handicap à ce sujet. Une fois les violences connues, les victimes doivent immédiatement être mises à l’abri de leur agresseur , et accompagnées et soutenues tant sur le plan médical que judiciaire.
Médicalement, il est impératif que ces victimes puissent bénéficier d’une prise en charge adaptée dans les délais les plus brefs. Une intervention précoce permet en effet d’amoindrir les conséquences de long terme sur la santé. Sur le plan légal, tout citoyen doit, quand il a connaissance de violences sexuelles qui pourraient survenir, en informer immédiatement les autorités. De même, il a l’obligation de signaler les violences sexuelles dont il a connaissance. En cas de manquement à ces obligations, les contrevenants s’exposent à des amendes ainsi que des peines de prison .
Déployer des systèmes de protection renforcés
Il convient, enfin, de déployer tous les moyens pour protéger les personnes en situation de handicap contre les violences sexuelles, notamment au sein des établissements dans lesquels elles sont prises en charge. Il faut sécuriser ces établissements et cesser de fermer les yeux sur les agissements criminels qui ont lieu en leur sein. Certains des professionnels y exerçant n’ont pas choisi par hasard de travailler aux côtés de personnes vulnérables : ce sont de véritables prédateurs multi-récidivistes, qui continuent d’opérer en toute impunité faute d’être empêchés de nuire. Il existe aussi des violences sexuelles exercées par des personnes en situation de handicap sur d’autres plus vulnérables qu’elles encore : un adulte pourra ainsi s’en prendre à un enfant et/ou une personne dont le degré de handicap est plus important.
Il convient dans un premier temps de briser l’omerta qui entoure ces violences , en informant de leur existence, et en formant tous les acteurs afin qu’ils contribuent à les dépister et, mieux encore, à les éradiquer. C’est l’objectif du module autoformatif “Protection des personnes en situation de handicap contre les violences sexuelles ” conçu et réalisé en partenariat par l’Association Mémoire traumatique et Victimologie, l’Association Francophone de Femmes autistes (AFFA), et des professionnels du Digital Learning du réseau SkillBar.
Objectif pédagogique du module
Être capable de dépister, signaler et prévenir les violences sexuelles commises à l’encontre des personnes en situation de handicap.
Publics cibles du module
● Professionnels intervenant auprès des personnes en situation de handicap, qu’elles aient ou non déjà été victimes de violences sexuelles : professionnels du champ social, médico-social, sanitaire, de l’éducation, de la justice, de la police, professionnels du droit, des associations, des entreprises, de la protection de l’enfance, du milieu sportif et d’animation, etc.
● Proches des personnes en situation de handicap
Plan du module
● Violences sexuelles : la stratégie des agresseurs
● La fréquence des violences sexuelles
● Les bonnes pratiques de dépistage des violences sexuelles
● L’identification des symptômes de violences sexuelles
● Les obligations légales de signalement
● Cas pratique
Atouts du module
● Un module de formation en ligne accessible gratuitement à partir du 20
octobre 2020
● Un module court : l’essentiel en 25 minutes
● Une accessibilité renforcée
● Un scénario engageant, qui incite à passer à l’action
● Une approche pragmatique et vivante, basée sur des témoignages de
victimes
● Une évaluation des acquis sous forme de dialogue interactif entre une
professionnelle de santé et l’apprenant
● Des PDF à télécharger pour garder l’essentiel
Ce module bénéficie de l’ agrément du Gouvernement
Où trouver le module ?
Ce module est disponible en ligne et diffusé gratuitement sur les sites de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie, de l’Association Francophone de Femmes Autistes, de SkillBar et le site du gouvernement à partir du mardi 20 octobre 2020 ou en cliquant ici.
Equipe à l’origine du module
Ce module est le fruit d’un travail conjoint entre la Dre Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Marie Rabatel, experte HAS, pour la Miprof, le CIH, CPSF,…. et présidente de l’Association Francophone de Femmes Autistes, et des professionnels du Digital Learning membres du réseau SkillBar.
L’Association Mémoire Traumatique et Victimologie, un acteur incontournable de la protection des victimes de violences.
L’Association Mémoire Traumatique et Victimologie est une association d’intérêt général pour la formation, l’information et la recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences.
Elle se donne pour mission d’ améliorer l’identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences , ainsi que la connaissance et la compréhension des conséquences des violences. L’association réalise ainsi des campagnes de plaidoyers en faveur des victimes et de leur prise en charge, des enquêtes sur le devenir de ces victimes, des formations (à destination des professionnels de santé, des professionnels paramédicaux, des avocats, magistrats, policiers, travailleurs sociaux, etc.), et organise régulièrement des colloques.
https://www.memoiretraumatique.org/
L’Association Francophone de Femmes Autistes, en pointe dans la défense des droits des personnes en situation de handicap.
L’Association Francophone de Femmes Autistes est une association qui vise à défendre les droits des filles et des femmes autistes et, plus généralement, de tous les enfants et femmes en situation de handicap. Elle entend ainsi participer activement à la sensibilisation et à l’élaboration de toute mesure concernant les droits des enfants et des femmes en situation de handicap quel que soit leur âge.
https://femmesautistesfrancophones.com/
SkillBar, un réseau de professionnels du Digital Learning
L’objectif de SkillBar est de favoriser la professionnalisation et la montée en compétences permanente de ses membres par la formation, par l’échange de pratiques et d’expériences, mais aussi par la réalisation de
projets sociétaux concrets. C’est la raison pour laquelle SkillBar a décidé de s’impliquer dans la production et la diffusion gratuites de modules de formation en ligne sur des sujets d’intérêt général.
SkillBar a déjà produit et diffusé gratuitement en mars un module portant sur la Covid-19 , puis en juin le module “ Protection de l’enfant contre les violences sexuelles ”, fruit d’un premier partenariat avec l’association Mémoire Traumatique et Victimologie. L’expérience a vocation à être renouvelée et SkillBar est en quête de nouveaux projets dans lesquels s’investir. SkillBar offre également à des personnes désireuses d’acquérir une compétence en Digital Learning de se former grâce à plusieurs bachelors.
http://www.skillbar.fr/
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