« Être reconnue », d’Anlor Davin, personne autiste : son combat pour être comprise et respectée


Voici un livre que nous vous recommandons chaudement : « Être reconnue », de Anlor Davin, éditions À la fabrique ; le combat d’une femme autiste pour être comprise et respectée.

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En parcourant ces pages, vous serez  sans doute abasourdi(e) par son histoire, qui illustre parfaitement le parcours du combattant d’un adulte autiste diagnostiqué tardivement.
À travers une foule de souvenirs incroyablement détaillés, on découvre ses différentes phases d’adaptation,  dont elle parle dans son livre : la phase d’alarme, puis de résistance et enfin d’épuisement.

 

Alarme

Cela commence par l’alarme : sa façon d’être et de se comporter fait penser à un papillon pris au piège et qui se cogne de partout en cherchant la sortie, ou à une personne non voyante explorant son environnent sans canne, se heurtant à toute sorte d’obstacles. Tout cela est invisible de l’extérieur, et Anlor pense que tout le monde est confronté aux mêmes difficultés qu’elles.

 

Résistance

Ensuite vient la phase de résistance : Anlor cherche par tous les moyens à faire comme tout le monde sans jamais y arriver vraiment, et connait la précarité, des situations instables, qui puiseront petit à petit dans ses ressources, tout comme un coureur parti sur un rythme beaucoup trop rapide, mais qui doit malgré tout poursuivre son effort, encore et encore…On prend conscience de son extrême vulnérabilité, notamment concernant ses relations avec les hommes. Nombre de femmes autistes se reconnaîtront peut-être dans sa description de cumuler les aventures, sans savoir dire non…
Ce qui est frappant, c’est le prodigieux décalage entre son quotidien, instable mais qui est le quotidien de tout un chacun dans un pays en paix, et le vécu intérieur qu’elle raconte, qui s’assimile plus au quotidien d’un prisonnier des camps pendant la guerre qui manquerait de tout et lutterait chaque jour pour survivre.

 

Le courage, prélude à l’épuisement

Un adjectif me vient pour décrire cette phase : « courage ». Le courage de se relever inexorablement de toutes ses péripéties, tout comme un boxeur se relèverait inlassablement après chaque coup reçu, le remettant illico à terre. Mais les coups ne s’effacent pas et laissent des marques profondes irréversibles et invalidantes ; chez elle cela se manifeste entre autres par l’amplification de ses troubles sensoriels qu’elle décrit avec une précision remarquable. Ses troubles finiront par lui rendre totalement intolérable la vie en société. Elle atteindra alors la dernière phase : l’épuisement.

 

Comprendre enfin…

Anlor finit par trouver l’explication à son inadaptation à la vie en société : elle est autiste, et c’est comme si toutes les pièces du puzzle s’assemblaient enfin.

Elle sait où chercher pour améliorer ses conditions de vie. Sa grande chance sera d’avoir trouvé un moyen de compensation qui lui aura peut-être sauvé la vie : la méditation.

 

L’histoire d’Anlor ressemble terriblement à l’histoire des personnes autistes que nous connaissons, et cette fois l’adjectif qui me vient en tête est « souffrance ».

Combien d’entre nous ont tenté de mettre un terme à cette souffrance en essayant de mettre un terme à leur vie ?

Combien d’entre nous souffrent comme cela actuellement en clinique et hôpital psychiatrique, sans que personne n’en comprenne la raison, puisque cette différence n’est pas visible ?

 

Adapter la société aux personnes atypiques

Comment aurait été la vie d’Anlor si elle avait su dès le départ qu’elle était autiste ? Radicalement différente, c’est presque certain.
Selon moi, toute cette souffrance pourrait être diminuée, voire épargnée si dès le début ces personnes connaissaient leur fonctionnement intérieur ; car alors elles respecteraient leurs limites. Mais il faudrait également que la société respecte aussi ces limites, prenne en considération leurs faiblesses et leurs forces pour adapter leur environnement.

Pour cela faut-il encore qu’elle y soit sensibilisée, ce qui est loin d’être le cas.

Mais ce livre y contribue, à son niveau, et je suis sûre que vous, lecteur, lectrice en refermant ce livre, aurez une autre vision des personnes autistes.

 

En savoir plus :

  • Ce livre a d’abord été écrit par Anlor Davin en anglais et publié sous le titre « Being Seen » ; puis Anlor l’a traduit en français et est aujourd’hui publié par les éditions À la fabrique, maison d’édition grenobloise au service des adolescents et adultes « autrement capables »
  • Illustration de la couverture : Rodrigue Alt, jeune homme autiste, à l’occasion d’un de ses stages en infographie
  • Préface : Magali Pignard, co-fondatrice de l’AFFA (association francophone de femmes autistes)

 

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