Magali P – Diagnostic de syndrome d’Asperger en 2011


Aujourd’hui je suis en phase avec moi-même….

Après avoir obtenu ce diagnostic (mais aussi durant quelques mois avant l’évaluation) j’ai eu une phase dans laquelle j’ai remis en question ma relation avec mon mari. J’étais complètement centrée sur moi, je n’arrivais pas à me concentrer sur des tâches administratives par exemple. Je ne savais pas comment occuper mes journées, j’avais l’impression de perdre du temps, de ne pas trouver de fil, quelque chose de constructif. J’étais désorganisée dans ma tête.

J’avais la sensation de perdre mes repères, d’être dans une zone de turbulence et je n’en voyais pas le bout.
J’ai commencé à associer les personnes autistes à des personnes opprimées, par les méchants neurotypiques (personnes non autistes).
J’avais besoin de voir des personnes autistes, à cette époque je voyageais beaucoup pour les rencontrer. J’étais un peu “dans ma bulle”, comme si je me créais de nouveaux repères avec eux. Le monde réel n’était plus ma réalité.

Je me sentais en accord avec le mouvement de la neurodiversité, je trouvais qu’on ne laissait pas la parole aux personnes autistes (c’était en 2012, il y avait beaucoup moins de blogs, de personnes autistes connues à ce moment). J’avais du mal à interagir avec mon entourage, qui me voyait me refermer sur moi-même.. je me rappelle d’un pic nic avec les parents de mon association locale, où je m’isolais, je ne voulais pas leur parler.
Je me définissais entièrement par mon autisme.
 

Cette phase a bien duré un an ou deux.
À l’époque je ne travaillais pas, j’étais prof en dispo pour m’occuper de mon fils, autiste. Je me suis séparée de mon mari, pour raisons personnelles : le fait de devoir vivre alors de manière autonome m’a permis d’avancer. J’ai du me remettre à travailler : j’ai obtenu, avec le diagnostic, un poste adapté, j’ai réussi à reprendre le contrôle de ma vie nouvelle, à me reconstruire. j’arrive à m’occuper de mon fils alors qu’avant j’angoissais terriblement. Je me suis prouvée que j’étais capable de m’en occuper, capable d’autonomie, mais il a fallu du temps (1 an ou 2). J’ai la chance être fonctionnaire et d’avoir eu un poste adapté qui me plait, c’est un privilège.

 
J’ai évolué depuis..
Je ne fais plus, ou presque plus de clivage entre personnes autistes et non autistes… Le fait de travailler en milieu ordinaire m’y a aidé… garder le lien avec des personnes non autistes, sortir de ce « communautarisme ».
Je me définis maintenant comme une personne, et non plus comme une autiste, mot que je refuse pour moi d’ailleurs (j’ai un enfant autiste avec un handicap sévère, et à coté, je me considère hyper adaptée).
Maintenant, lors des pic nic je ne ressens plus le besoin de m’isoler, je parle avec les parents avec qui j’ai des affinités. J’aime fondamentalement les gens, j’aime parler avec des personnes dans le cadre de mon travail.

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